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Aux Maldives, après la mauvaise affaire d'investisseurs français, d'anciens employés affirment ne pas avoir été payés

Des dizaines de Français avaient investi en 2018 dans un complexe hôtelier sur l'île de Rihiveli. L'aventure a tourné court. Les ex-salariés exigent devant la justice le versement des salaires non perçus.
Article rédigé par Eric Pelletier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'île de Rihiveli aux Maldives. (FRANCE TELEVISIONS)

L'enfer au paradis... Sur l'île de Rihiveli, aux Maldives, une vingtaine d'employés d'un complexe hôtelier viennent de saisir la justice locale, a appris France Télévisions. Ils estiment avoir été "exploités" et "lésés" par la société qui gérait la concession jusqu'en 2021. Une entreprise baptisée "Save the Dream", détenue pour moitié par des investisseurs français et pour l'autre moitié par des actionnaires locaux. Les employés, des Maldiviens, des Bangladais ou des Français, n'ont pas été payés pendant "quatorze mois", assure l'un d'eux à France Télévisions.

Pour comprendre ce qui se joue, il faut remonter au coup de foudre de quelques dizaines de Français pour cette île, préservée du tourisme de masse. En 2018, ceux-ci s'associent avec une société de droit maldivien pour fonder Save the Dream et obtenir la licence d'exploitation. 

Le rêve éveillé de ces amoureux de nature et de plongée vire ensuite au cauchemar, comme l'a raconté en avril le journal de 20 heures de France 2. Les relations entre associés se dégradent vite. Les Français portent plainte devant la justice locale contre leurs associés locaux. Les finances plongent dans le rouge. La situation financière s'aggrave quelques semaines plus tard avec la fermeture de l'île au tourisme du fait de la pandémie de Covid-19. 

"Le personnel s'est retrouvé livré à lui-même"

Le contentieux judiciaire, toujours en cours, a eu de lourdes conséquences pour les ex-salariés. Lors des longs mois de fermeture de l'île, une vingtaine de personnes, manutentionnaires, jardiniers ou chargés de clientèle, avait en effet décidé coûte que coûte de rester pour entretenir le site, au côté d'une Française. Mais faute de rentrées financières, leur salaire n'a pas été versé à partir de l'été 2020. C'est le retard de paiement de cette somme, estimée au total à plusieurs centaines de milliers de dollars, qu'ils réclament aujourd'hui.

"Nous avions des promesses. Mais les semaines sont devenues des mois et les mois des années. Nous n'avons toujours rien perçu et le personnel s'est retrouvé livré à lui-même après le départ des Français", explique à France Télévisions l'une des salariés, Séverine Clou. "C'est aussi une question de reconnaissance, insiste cette ex-chargée de la gestion des réservations, installée aux Maldives. Les Français se désintéressent complètement de nos difficultés."

Les investisseurs français se défendent

Quel engagement la partie française avait-elle pris ? Qui est aujourd'hui juridiquement responsable du paiement des salaires ? Ce sera l'un des points centraux du dossier plaidé en ce moment devant l'équivalent des prudhommes maldiviens. "Nous avions transmis un document aux salariés pour leur expliquer le plus clairement possible la situation, se défend Christian Kalb, président de Save the Dream France. Nous nous sommes engagés à faire notre possible pour payer les salaires dès que la situation se serait éclaircie. Mais c'est la société Save the dream, et non Save the Dream France, qui salariait les employés."

La bataille judiciaire autour de la maison mère n'est toujours pas tranchée. Dans ce litige, la décision de la Cour suprême maldivienne n'est pas attendue avant le printemps. Les ex-salariés espèrent un accord entre les deux parties, ce qui permettrait enfin de débloquer leur situation et d'entrevoir une issue au non-paiement de leurs salaires.

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