Total, l'heureux gagnant de la flambée du pétrole
6,977. Chez Total, on regretterait presque de ne pas arriver à 7. Malgré cette petite déception d'ordre purement “sportif”, le champagne a de quoi couler à flot dans la tour du pétrolier français, sur la parvis de la Défense. Car ces 6,977, ce sont des milliards d'euros de bénéfices. Et c'est de mieux en mieux, puisqu'ils sont en hausse de 15%.
_ En ce qui concerne le chiffre d'affaire sur la période, il dépasse 92 milliards d'euros, en hausse de 21%.
Bénéfice politiquement inconfortable
Toutefois, si l'heure est aux congratulations en interne et chez les actionnaires, Total ne pavoise pas à l'extérieur. Car ce résultat, c'est bien à la hausse du prix du pétrole qu'il le doit.
Il convient toutefois de nuancer : cette flambée des prix du pétrole fait grimper les résultats des activités “amont” du groupe (exploration et production). Mais paradoxalement, la distribution à la pompe en pâtit, malgré la hausse du prix du carburant qui accompagne celle du brut. Il faut dire que les consommateurs se sont serré la ceinture au point de plomber les résultats du groupe.
En effet, si le prix moyen du baril de Brent a bondi de 72% entre le premier semestre 2008 et les six premiers mois de 2007, les Français ont réduit leur consommation de 10% en un an (de juin 2007 à juin 2008). Sur le premier semestre de l'année, cette baisse est de 1,5%.
Mais ces bénéfices placent tout de même Total dans une situation politique inconfortable. L'insolente bonne santé de l'entreprise à l'heure où les consommateurs souffrent de la hausse du carburant incite plusieurs voix à s'élever pour demander à Total de donner un coup de pouce. Ainsi, le ministre des transports, Dominique Bussereau, estimait début juin que Total de faire preuve de “solidarité”. Ségolène Royal, de son côté, a enfourché ce cheval de bataille, en demandant au gouvernement de “prélever les profits de Total, qui sont un bien collectif”, afin d'investir dans les énergies renouvelables. Un rôle de bouc émissaire qui fait frémir la moustache de Christophe de Margerie, le PDG du groupe. Il a concédé un geste en contribuant une fois encore au financement de “prime à la cuve de fioul”. Il versera 102 millions d'euros cette année. La prime passera de 150 à 200 euros. Un bénéfice qui ne couvrira même pas le prix d'un plein d'essence pour de nombreux Français.
Grégoire Lecalot, avec agences
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