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Reprise en main d'Altice par Patrick Drahi : "La marque SFR est abîmée"

Stéphane Dubreuil, consultant spécialiste des télécoms, était l'invité de franceinfo vendredi pour commenter la démission du directeur général d'Altice. "On est dans un moment de tempête, le titre a dévissé de 33 %" a-t-il affirmé.

Article rédigé par franceinfo
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Un magasin SFR le 20 mars 2017. (MAXPPP)

"SFR, c'était une marque extraordinaire il y a encore trois, quatre ans. Aujourd'hui, elle est abîmée et c'est ce qui explique la fuite de clients et de chiffre d'affaires", a assuré Stéphane Dubreuil, consultant spécialiste des télécoms, président de Stallych Consulting, sur franceinfo.

Patrick Drahi, fondateur du groupe de télécoms et médias Altice, a repris les commandes, après avoir débarqué son directeur général, Michel Combes. L'action Altice a perdu plus d'un tiers de sa valeur en une semaine, se retrouvant à son plus bas niveau depuis décembre 2015. Depuis sa prise de contrôle par Altice, SFR a perdu plus d'un million et demi de clients mobiles et plus de 500 000 abonnés fixes.

franceinfo : comment va Altice, notamment sur les marchés ?

Stéphane Dubreuil : On est dans un moment de tempête. Le cours a dévissé de 33 % en cinq jours. Sur une année, une année et demie, on parle plutôt de 50 % de la valeur. Le titre fait le yo-yo, ce sont des montagnes russes. Les marchés financiers sont soit dans un optimisme excessif, soit dans un pessimisme catastrophique. On sait depuis un bout de temps qu'il y a des problèmes chez SFR, on a fermé les yeux, et maintenant le réveil est un peu douloureux. Il ne faut pas non plus regarder cette perte sur cinq jours comme étant définitive. Les résultats des concurrents, Bouygues et Free, vont arriver bientôt, et c'est ça qui va permettre de savoir si c'est une baisse.

Quels sont les problèmes d'Altice ?

Le surendettement est la cause, mais la conséquence, c'est qu'il a fallu faire des plans de licenciements et de réductions de coût. Ils ont été faits de manière assez violente. On a eu des pertes d'investissements, ce qui fait que la qualité de service est détériorée, les gens sont partis. SFR a perdu un million et demi d'abonnés, c'est énorme. Aujourd'hu,i les gens en parlent sur les réseaux sociaux : quand vous êtes un client insatisfait, ça se sait très très vite. Il faut être franc : SFR était une marque extraordinaire il y a encore trois, quatre ans. Aujourd'hui, elle est abimée, et c'est ce qui explique la fuite de clients et de chiffre d'affaires.

Faut-il craindre pour l'avenir d'Altice ?

Il y a des interrogations. Quand on entend que c'est catastrophique, il faut quand même raison garder. Patrick Drahi est quelqu'un qui a monté un mécano industriel à 50 milliards. Qu'on soit d'accord ou pas, le sujet n'est pas là. Le vrai sujet est le trimestre qui vient : les fêtes de Noël représentent entre 25 et 35 % des ventes d'un opérateur. Débarquer son staff et sa direction générale début novembre, c'est créer une zone de perturbation. Aujourd'hui, Altice est sous surveillance des marchés. Si les résultats financiers sont mauvais en janvier, on risque d'entrer dans une période qui sera extrêmement difficile.

Les salariés peuvent-ils craindre de nouveaux plans sociaux ?

Les réductions de coût sont faites très rapidement. A priori, les plus grosses sont passées. Si on rentre dans un autre plan social, c'est que vraiment la société va mal. Je ne suis pas trop inquiet là-dessus, même si je pense que les salariés sont dans une phase de doute énorme. Il y aura peut-être des réductions de coûts sur les infrastructures. M. Drahi avait dit qu'il allait "fibrer" lui-même toute la France : je pense que cette promesse restera une promesse.

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