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Soldes réduits à quatre semaines : "Les consommateurs ne verront pas forcément une grande différence"

Les soldes sont de moins en moins suivis par les consommateurs, estime la spécialiste Pascale Hébel. Leur réduction de six à quatre semaines ne devrait donc pas avoir trop d'incidence.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les soldes sont de moins en moins suivis par les consommateurs. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

La durée des soldes d'été devrait être ramenée à quatre semaines à partir de l'an prochain (contre six semaines actuellement), mais "les consommateurs ne verront pas forcément une grande différence" estime Pascale Hébel, directrice du Pôle Consommation et entreprise du CREDOC (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). Les soldes ont commencé mercredi 27 juin dans de nombreux départements.

franceinfo : Les soldes passent-ils inaperçus aujourd'hui ?

Pascale Hébel : Les gens les pratiquent de moins en moins. La multiplication des promotions et des ventes privées, notamment sur internet avec le Black Friday, véritable succès en 2017, rend les consommateurs de moins en moins motivés pour venir à ces soldes d'été. Les ventes privées et l'e-commerce ont tué les soldes, même si d'autres facteurs sont à prendre en compte, comme les soldes flottants d'il y a quelques années. À force de multiplier les opportunités pour acheter moins cher, les Français attendent moins ce rituel des soldes qui, il y a 15 ans, faisait la fortune des vendeurs et des consommateurs. Aujourd'hui, on peut faire ses achats derrière son écran. Même si c'est le seul moment où l'on peut vendre à perte, le consommateur ne gagne plus grand chose durant cette période.

Dans ces conditions, cela servirait-il vraiment de réduire la durée des soldes ?

En réalité, tout se passe la première semaine, le premier mercredi et le premier samedi. Les deux dernières semaines de soldes ne sont pas vraiment suivies. Dans les magasins, il ne reste jamais grand-chose à vendre. Je pense donc que les consommateurs ne verront pas forcément une grande différence lorsque nous passerons à quatre semaines. Les soldes ont de moins en moins d'intérêt, même si des achats s'effectuent encore.

Cette année, le marché de la mode a replongé dans la crise, est-ce une particularité des soldes 2018 ?

Cela avait bien rebondi en 2017, mais depuis le début de l'année, nous sommes de nouveau en baisse. Cela fait 15 ans que les gens achètent de moins en moins de vêtements. Il y a un lien avec le phénomène démographique - la population vieillit - mais nous nous détachons aussi de l'ostentatoire et du paraître. À cause des changements sociétaux, le vêtement ne fait plus vendre. Les consommateurs ne sont plus dans la recherche d'accumulation de biens.

Les ventes sont condamnées à baisser au cours du temps.

Pascale Hébel, du CREDOC

à franceinfo

Mais cette crise touche moins les ventes de produits low-cost [à petits prix]. Par conséquent, les chaînes peu chères, sachant se renouveler et toutes celles sur internet subissent moins la crise que les magasins des centres-villes de province. À Paris, les commerçants souffrent moins. Après les attentats, la période fut très difficile, mais à présent, les touristes reviennent en France et à Paris. Aujourd'hui, les grandes chaînes comme H&M, dédiées aux touristes, fonctionnent bien comparé à ce qui se passe dans les petites et moyennes villes.

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