Société Générale : AG houleuse
"Nous sommes des grognards, eh bien je vais grogner", a lancé dès la première intervention un petit porteur. "On a fait emprisonner l'employé alors que ce sont ses patrons qui auraient dû quitter les lieux", a-t-il poursuivi sous les applaudissements d'une partie de la salle.
Sans se départir de son calme, le président du groupe, Daniel Bouton, avait estimé en ouvrant la séance que cette perte de 4,9 milliards d'euros, due aux opérations non autorisées du trader Jérôme Kerviel, était le fait d'un "risque opérationnel isolé" qui ne "remet pas en cause fondamentalement le coeur même des activités de marché de la Société Générale".
"Monsieur le président, je me demande pour qui vous nous prenez !", a rétorqué un autre actionnaire individuel. "A qui ferez-vous croire qu'on peut faire des choses de ce genre impunément? Ou bien ceci convenait à la hiérarchie de la Société Générale, ou bien les contrôles sont nullissimes!", a-t-il ajouté, estimant que "monsieur Kerviel n'est qu'un pantin dans tout ça".
Tentant de lui répondre, Daniel Bouton, s'est fait interrompre par les huées de quelques actionnaires quand il a souligné que "toutes les enquêtes ont montré que les positions du trader à l'origine de la perte étaient dissimulées". "J'ai l'impression qu'on nous raconte une fable", a confié un autre actionnaire. "M. Kerviel, M. Bouton, M. Folz (administrateur du groupe, ndlr): pour moi, c'est un peu trois hommes dans un bateau".
Si les échanges ont été houleux, un actionnaire a tout de même loué "le courage" dont a fait preuve Daniel Bouton en se présentant ainsi devant ses actionnaires, tandis qu'un autre l'a remercié d'avoir sauvegardé l'indépendance de la banque, cible d'un raid hostile de la BNP en 1999. "J'espère que nous clôturerons définitivement ce chapitre particulièrement difficile pour la Société Générale", a conclu le président de la banque.
Les actionnaires ont adopté à une nette majorité les différentes résolutions à l'ordre du jour.
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