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Trois questions sur le futur mariage entre La Banque Postale et CNP Assurances

Cette opération vise à permettre à La Poste de se développer massivement dans la banque et l'assurance. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un bureau de poste à Lille, le 10 septembre 2013. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

C'est un dossier à la fois sensible et complexe, qui va définir l'avenir de La Poste. Le gouvernement lance, jeudi 30 août, le chantier d'un grand pôle public de banque et d'assurance, passant par le rapprochement de CNP Assurances, le numéro un de l'assurance de personnes en France, et La Banque Postale. On vous résume les enjeux de cette opération.

Quel est l'intérêt de cette opération ?

La Poste distribue déjà les produits de la CNP, et figure à son capital à hauteur de 20,5%. Avec ce rapprochement, l'entreprise compte s'assurer un avenir, au-delà de son activité historique et déclinante de distribution du courrier. "La Poste perd chaque année 6% de volume de courrier", a rappelé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, sur Radio Classique. Il s'agit donc de développer son autre secteur d'activité : la banque et l'assurance. "Nous allons lui permettre de développer massivement avec la CNP ce (…) volet d'activité pour compenser la baisse du courrier", a déclaré le ministre.

"D'où viendra demain la rentabilité minimale de La Banque postale qui lui permettra de maintenir un réseau physique de bureaux de poste ? D'abord de la vente de produits d'assurance, c'est la clé", raisonne de son côté une source au sein de La Poste, interrogée par Le Monde. Ce nouveau pôle financier disposerait des bureaux de poste sur tout le territoire, en particulier dans des zones rurales, peu prisées des assureurs et banques du secteur privé.

Comment va s'opérer ce rapprochement ?

L'opération est complexe et va se dérouler en plusieurs étapes. Elle nécessite tout d'abord le dépôt d'un amendement dans le cadre de la future loi Pacte pour déverrouiller le capital du groupe La Poste. Ensuite, le mariage avec CNP Assurances va être scellé par un troisième acteur, la Caisse des dépôts. Celle-ci, actionnaire de La Poste à hauteur de 26% depuis 2011, va devenir majoritaire dans le capital du groupe. En retour, la Caisse des dépôts va apporter à La Poste sa propre participation d'environ 40% dans CNP Assurances, ce qui portera la participation de La Poste à plus de 60%. 

Cette opération n'aura lieu qu'à la fin de 2019, notamment parce qu'elle nécessite une demande de dérogation auprès de l'Autorité des marchés financiers, pour éviter le déclenchement d'une OPA du groupe postal sur la CNP.

Mais alors, La Poste va-t-elle rester publique ?

Pour que cette opération puisse s'effectuer et que la Caisse des dépôts puisse prendre le contrôle de La Poste, l'Etat va devoir se désengager largement du groupe postal. Selon une source proche du dossier citée par Le Monde, l'Etat devrait néanmoins conserver une minorité de blocage, c'est-à-dire au moins 34%, et conserver son pouvoir de nommer le patron de La Poste par décret.

Le groupe "La Poste restera à 100% public, puisque les actionnaires de La Poste seront l'Etat et la Caisse des dépôts", a précisé à l'AFP une source proche du dossier. Bruno Le Maire a lui aussi martelé que "La Poste [resterait] un établissement public". "Il n'y aura aucune privatisation, aucune intention de privatisation, aucune arrière-pensée sauf une seule, que La Poste reste un grand service public, rentable, dynamique, au service des territoires", a-t-il insisté.

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