Cet article date de plus de treize ans.

Revenus des agriculteurs : +66% en 2010, embellie en trompe-l'œil

Après deux années noires en 2008 et 2009, les revenus des agriculteurs ont fortement progressé en 2010 : +130% pour les céréaliers, +89% pour les éleveurs. Pour autant, les agriculteurs gagnent toujours 10 à 15% de moins que dans les autres secteurs.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

"Cela va dans la bonne direction", commente le ministre de l'Agriculture. Mais "pour tous les agriculteurs de France, c'est d'abord un rattrapage", poursuit Bruno Le Maire, rappelant qu'ils avaient connu en 2009 "une crise épouvantable" : une baisse de revenus de 34%, après une première baisse de 50% en 2008.

En 2010, c'est donc l'embellie. Inégale selon les secteurs : la progression est très forte chez les céréaliers (+130%) et les producteurs laitiers (+89%), modérée dans l'élevage.
_ Le revenu annuel moyen, qui comprend les aides européennes et françaises perçues par les exploitations, a progressé de près de 10.000 euros pour s'établir à 24.400 euros, se rapprochant du record de 28.500 de 2007.

Pour l'essentiel, la hausse est due à des facteurs conjoncturels, comme l'embargo russe sur les céréales qui a fait remonter le cours du blé. Bruno Le Maire attribue également une partie de ce résultat à l'action de son gouvernement, notamment auprès de la Commission de Bruxelles, pour "l'obliger à intervenir sur les marchés".

"Un volume, un prix et donc un revenu"

Ces chiffres montrent l'extrême "volatilité" de ces revenus et "masque une toute autre réalité (...) une baisse de 5% chaque année depuis cinq ans", commente le nouveau président de la FNSEA, Xavier Beulin. "Beaucoup d'agriculteurs vont tomber de leur chaise quand ils vont voir ces chiffres", poursuit-il.

D'autant que le train de vie des paysans reste inférieur de 10 à 15% à la moyenne des revenus français. Et c'est surtout pour les jeunes agriculteurs, ceux qui s'installent, que la situation est la plus précaire.

Dans ce contexte, la contractualisation - mesure phare de la loi de modernisation de l'agriculture - devrait permettre de stabiliser un secteur en dents de scie. A partir du 1er janvier prochain, producteurs et acheteurs devront signer un contrat qui fixe à l'avance les volumes et les prix auxquels seront achetés les produits. Ces contrats, d'une durée minimale de 5 ans pour le lait et 3 ans pour les fruits et légumes, permettront d'avoir un engagement sur plusieurs années. Un engagement sur "un volume, un prix et donc un revenu", se félicite Bruno Le Maire.

Gilles Halais, avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.