: Témoignages Grève contre la réforme des retraites : "On se serrera la ceinture pour faire grève et on fera avec !", assurent ces manifestants qui poursuivent le mouvement
Après le premier jour mardi de l’ultime bras de fer dans la mobilisation sur la réforme des retraites, l’enjeu pour les opposants est que le mouvement ne s’étiole pas. La France sera-t-elle toujours "à l’arrêt" comme le veulent les syndicats ? La grève reconductible aura-t-elle lieu ? Autant de questions qui se posent au lendemain des manifestations "record" dans toute la France pour les syndicats.
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Ces derniers revendiquent trois millions et demi de manifestants dans les rues contre la réforme des retraites, 1 280 000 d’après le ministère de l’Intérieur. Les syndicats veulent inscrire les blocages et les grèves dans le temps. Les manifestants sont-ils prêts à sacrifier d’autres journées de travail ? Certains se sont organisés afin de poursuivre le mouvement dans les jours qui viennent.
Dans le cortège, à Paris, mardi 7 mars, rien n'est encore joué, prévient François, ingénieur informatique. "Même si la réforme est votée, indique-t-il, de toute façon, après, il faut des décrets pour qu'elle soit appliquée. Le gouvernement a toujours moyen, en fait, de revenir sur ce qu'il a fait."
"C'est un peu le dernier recours, les citoyens dans la rue, explique, un peu gênée, Yasmina, dont c'est le premier jour de grève et de manifestation. Et une fois qu'elle est adoptée, le dernier rempart, c'est le Conseil constitutionnel." Inès, juriste comme Yasmina, estime que si la réforme passait, ce serait une raison de plus pour "qu'on ait envie de faire bouger les choses de manière globale".
Le risque du dégoût et du ressentiment
Cependant, manifester à un coût, et cela inquiète Nathalie : "On se pose la question de savoir si cela va servir à quelque chose..." Le risque, selon elle, est le dégoût qui pourrait poindre : "Il y a un ressentiment et malheureusement, il se pourrait qu'on le paie aux prochaines élections présidentielles, où l'on pourrait voir monter des partis comme le Rassemblement national, parce que les politiciens, aujourd'hui, ne savent pas écouter." Cette cadre du service public le dit : elle continuera à manifester s'il le faut. Mais impossible pour elle de se mettre en grève sur la durée.
Gilet bleu de l'Unsa. Bertrand, agent de maintenance à l'aéroport de Roissy, a participé à trois manifestations sur six. Cette fois-ci, il compte bien s'arrêter de travailler sept jours sur sept jusqu'au retrait du projet de loi.
"Je perdrai de l'argent, bien sûr, comme tout le monde, comme tous ceux qui font grève, mais je me mettrai en grève."
Bertrandà franceinfo
Combien de temps tiendra-t-il ? "Je ne sais pas du tout, répond-il. Je verrai au moment du salaire. Là, ça me fera peut-être réfléchir un peu plus. On se serrera la ceinture, mais on fera avec."
À ses côtés, sa sœur Catherine, professeure en classes préparatoires scientifiques elle aussi part en grève reconductible. "J'ai fait des petites vidéos avec des cours parce que mes élèves, ils ont les concours d'ingénieurs dans un mois, explique-t-elle. Donc il ne faut pas que je les défavorise. Mais moi, je fais grève."
"Il va falloir faire des sacrifices sur le budget, mais je m'en fiche complètement. C'est pas important, ça ne change pas. On ne va pas crever de faim, hein... Dont il n'y a pas de problème."
Catherineà franceinfo
Laurène, juriste dans le secteur privé, est, elle aussi, prête à faire durer le mouvement. "Je pense que c'est important, dit-elle, si on veut que la mobilisation se poursuive et justement montrer au gouvernement qu'il y a du monde en face." Ce matin, elle se rendra au travail. "Je suis obligée d'aller au travail, mais pour les autres jours, on verra en fonction de ce que les syndicats diront." Pour prendre sa décision, Lauranne attend aussi de voir le nombre de collègues dans son entreprise qui seraient prêts à faire grève dans les prochains jours.
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