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Sommet social à l'Élysée : "L’essentiel pour Emmanuel Macron c'est la relance économique, pas la réforme des retraites", soutient un cabinet d’expertise

Pierre Ferracci, président du groupe Alpha, conseille au président de la République d'"essayer de récupérer l’électorat de gauche ou de centre gauche, qui l’a porté au pouvoir en 2017", plutôt que de "donner des signes à droite", s'il veut accéder à un second mandat.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron réunit les partenaires sociaux en sommet social à l'Elysée, le 6 juillet 2021. (YOAN VALAT / POOL)

"L’essentiel pour Emmanuel Macron aujourd’hui est de réussir la relance économique", affirme mardi 6 juillet sur franceinfo, Pierre Ferracci, président d’un cabinet d’expertise spécialisé dans le développement local, groupe Alpha, alors que le gouvernement organise une réunion avec les partenaires sociaux à l’Élysée. Sur la table, il sera question d'un éventuel retour de la réforme des retraites.

"La réforme des retraites doit être un enjeu du second mandat", d'après Pierre Ferracci, qui juge que "ça n’avait pas été assez préparé[e] avant". Il rappelle également qu’"il est urgent d’attendre", non pas seulement pour se concentrer sur la relance, mais aussi parce qu’"il y a un grand enjeu démocratique dans neuf mois avec l’élection présidentielle". Enfin, Pierre Ferracci ajoute qu'il s’agit éventuellement d’un "clin d’œil" envers la droite, mais pour lui, c’est un "mauvais calcul".

franceinfo : Il est urgent d’agir ou d’attendre dans ce dossier des retraites ?

Pierre Ferracci : Il est urgent d’attendre pour trois raisons. La première raison, c’est qu’il y a un grand enjeu démocratique dans neuf mois avec l’élection présidentielle. J’avais dit dès 2019-2020 que la réforme des retraites devait être un enjeu du second mandat. Ça n’avait pas été assez préparé avant. Certes Emmanuel Macron avait parlé d’une réforme systémique du système à points, mais personne n’avait compris ce qu’il entendait par là. D’où la confusion d’ailleurs à l’époque.

"Ce n’est pas à neuf mois d’un deuxième mandat pour Emmanuel Macron, ou de l’élection d’un autre président, qu’il faut relancer le débat surtout avec une mesure paramétrique."

Pierre Ferracci, président d’un cabinet d’expertise

à franceinfo

C’est la première raison. La deuxième, c’est que l’on sort d’une pandémie – enfin pas tout à fait d’ailleurs – et la relance économique est un enjeu essentiel, autrement, on va se retrouver avec des problèmes d’emploi colossaux. Je crois qu’il faut mobiliser le pays là-dessus, et une réforme des retraites qui va susciter l’ire de l’ensemble des partenaires sociaux, y compris le patronat, ce n’est pas tout à fait l’enjeu. La troisième raison, peut-être moins essentielle, c’est que l’on est sur un terrain libéral de réformes pour donner des signes à droite. Je crois que l’on se trompe de cible, les élections régionales ont montré que ce jeu dans la primaire de droite était une occasion manquée pour le président de la République. Il faut peut-être essayer de récupérer l’électorat de gauche ou de centre gauche, qui l’a porté au pouvoir en 2017.

Vous estimez que l’on ne fait pas ce genre de réformes à neuf mois d’une présidentielle, parce-que c’est un risque politique trop grand pour Emmanuel Macron ?

Bien évidemment ! L’essentiel pour Emmanuel Macron aujourd’hui est de réussir la relance économique. Autrement, on aura des procédures collectives, des restructurations qui vont mettre l’emploi en cause de façon assez drastique. Donc, on ne fait pas une réforme de ce type à la va-vite alors que le peuple va être amené à s’exprimer. Ce sera l’occasion d’un vrai débat sur les retraites avec sans doute des propositions démagogiques, conservatrices, très libérales… c’est un véritable débat pour une élection présidentielle. C’est peut-être un clin d’œil que certains de son entourage lui proposent de lancer du côté de la droite. On a vu encore une fois aux élections régionales que jouer sur ce terrain-là, c’est un mauvais pari. Il y a un certain nombre d’acteurs dans la majorité présidentielle qui disent qu’il ne faut pas y aller, mais on voit bien qu’il pousse. Je crois que c’est un mauvais calcul de ce point de vue-là.

Cette réunion se déroule dans un contexte particulier : quelle place aujourd’hui pour les réformes sociales, alors que la priorité est donnée aux réformes sanitaires ?

La place, c’est d’avoir en tête que l’on va sortir de cette crise sanitaire avec une accentuation des inégalités sociales et qu’il faut les corriger. La meilleure façon de les corriger, c’est d’éviter que l’emploi soit attaqué et que le chômage se développe. Et d’ailleurs, en matière de retraite, le taux d’emploi des seniors est faible. Il faudrait peut-être s’attaquer à cela, de la même façon qu’il faut s’attaquer au chômage des jeunes, avant de penser à allonger l’âge de la retraite.

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