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Retraites : la droite "satisfaite", une "double punition" pour la gauche, Le Pen veut "faire barrage"... Les réactions politiques à la réforme du gouvernement

La réforme des retraites a été présentée par Elisabeth Borne mardi devant la presse. Le texte sera ensuite présenté en Conseil des ministres le 23 janvier, puis examiné dans l'hémicycle.
Article rédigé par franceinfo
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La Première ministre Elisabeth Borne, accompagnée de membres du gouvernement, présente le projet de réforme des retraites, le 10 janvier 2023, à Paris (BERTRAND GUAY / POOL / AFP)

La Première ministre a dévoilé, mardi 10 janvier, la réforme des retraites que portera son gouvernement. Après plusieurs semaines de concertation avec les syndicats et les partis politiques, cette réforme décale l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans dès 2030. La durée de cotisation pour une retraite à taux plein sera portée à 43 ans dès 2027 au lieu de 2035. Par ailleurs, il y a aura un dispositif pour protéger les carrières longues et la pension minimum à près de 1 200 euros sera versée aux retraités actuels et futurs.

>> Âge de départ, régimes spéciaux, pension minimum… Ce que contient la réforme des retraites du gouvernement

Cette réforme sera présentée en Conseil des ministres le 23 janvier. Le projet de loi sera par la suite examiné en février-mars 2023 par le Parlement et doit entrer en vigueur le 1er septembre 2023. L'opposition de gauche et l'extrême droite ont notamment critiqué le recul de l'âge légal de départ à 64 ans alors que la droite affirme être "satisfaite d'avoir été entendue".

"Nous avons été entendus", estime LR

"Nous avons été entendus sur le rythme de l'application des 64 ans et la retraite à 1 200 euros y compris pour les retraités actuels", a déclaré Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, dans les couloirs du Palais-Bourbon. "Nous prenons acte que la Première ministre a entendu un certain nombre de demandes, la première et la plus importante est que le rythme ne soit pas brutal", déclare Olivier Marleix, affirmant que son groupe présenterait un amendement pour "une vraie clause de revoyure" une fois l'âge de départ porté à 63 ans et avant de "poursuivre le cas échéant à 64 ans".

Su franceinfo, Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se dit sur satisfait par certaines des annonces faites par Elisabeth Borne, des "incontournables" ont été selon lui respectés comme "la reconnaissance des carrières longues" car même si l'élu admet "avoir encore une divergence sur les 43 ou les 44 ans avec la Première ministre telle qu'elle l'a exprimé cet après-midi, il semble que ça converge et que celles et ceux qui auront commencé tôt pourront partir avant les 64 ans et c'est tant mieux."

"La réforme est nécessaire si on veut garder l'équilibre du système, si on veut garder le modèle par répartition qui est le nôtre et un niveau de pension qui soit aussi conséquent."

Philippe Gosselin, député LR de la Manche

à franceinfo

Sur franceinfo, Fabien Di Filippo, député LR de Moselle, se dit "satisfait" que la réforme "assez simpliste, brutale, voulue par Emmanuel Macron, sur les 65 ans soit déjà abandonnée". Il estime qu'il reste "encore de nombreux points de blocage à lever". Selon lui, un âge légal "jusqu'à 63 ans" est "acceptable". Mais "le reste devra faire l'objet d'une autre discussion". "C'est la durée des carrières qui doit être prédominante", martèle le député. "Je ne peux pas me satisfaire de voir que, pour certains, bien qu'ils auraient déjà cotisé 43 ou 44 ans dans un futur proche, ils ne puissent pas partir en retraite". "Dans un système de retraite équitable, efficace, c'est l'âge de retraite pour tous qui doit être pris en compte, bien plus que l'âge légal", ajoute Fabien Di Filippo.

Une "grave récession sociale" pour LFI

Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a qualifié mardi de "grave régression sociale" la réforme des retraites présentée par Elisabeth Borne. "Report de l’âge de départ. Augmentation des annuités. Suppression des régimes spéciaux avantageux. La réforme #Macron #Borne c’est une grave régression sociale", a tweeté Jean-Luc Mélenchon.

"La Première ministre a servi une véritable déclaration de guerre sociale aux Français et aux Françaises", a dénoncé Mathilde Panot depuis l'Assemblée nationale. La présidente du groupe LFI déclare que "80% des Français sont opposés à cette réforme des retraites, ce qui pose un véritable problème démocratique""Nous allons jouer notre rôle de députés opposés à ce recul social pour essayer de faire durer les débats" à l'Assemblée nationale, a affirmé Eric Coquerel mardi sur franceinfo. Le député LFI et président de la commission des finances de l'Assemblée nationale évoque une "loi scélérate" et estime que "personne ne devrait être étonné qu'on joue un rôle pour bloquer ce projet de loi" car "la majorité dans le pays, c'est un refus radical de ce projet".

Le député LFI estime également que la revalorisation des petites pensions à 1 200 euros, "c'est seulement vouloir appliquer une loi de 2003" et que "pour la quasi totalité des Français", cette réforme signifie simplement "l'obligation de travailler deux ans de plus pour rien". Eric Coquerel a enfin dénoncé que ce projet de réforme des retraites prenne la forme d'un budget rectificatif de la Sécurité sociale. "Ce que ça permet, c'est qu'au bout de vingt jours, on peut passer sans vote, a-t-il affirmé. Ce serait bien que le gouvernement respecte la démocratie."

Le PCF dénonce une "double punition"

La réforme des retraites, "c'est la double punition", réagit mardi sur franceinfo Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord. "Le gouvernement reste bloqué sur l'allongement des trimestres pour avoir le droit à une retraite" et sur l'allongement de "l'âge de départ en retraite". Le patron du PCF dénonce "une réforme extrêmement dure" qui "ne répond à rien".

"La seule bataille qui comptera, c'est celle que nous saurons mener tous ensemble, dans la rue."

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

sur franceinfo

Fabien Roussel appelle les Français à se "mobiliser dès la semaine prochaine" et à "répondre massivement à la première manifestation qui sera proposée" par les organisations syndicales pour s'opposer à la réforme.

"On a définitivement l'impression qu'Emmanuel Macron est né avec une cuillère en argent dans la bouche" car "il ne connaît pas la vie des gens", a dénoncé mardi sur franceinfo le député communiste de Seine-Maritime Sébastien Jumel. "Nous avons un président de la République qui a un itinéraire d'enfant gâté", a-t-il ajouté, estimant qu'"il veut rassurer les marchés à défaut de rassurer les Français". "Sur la forme, cette réforme est d'une brutalité énorme".

Une réforme "injuste" pour le PS

"Pas de surprise, l’heure est à la régression brutale", a tweeté Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste. "Mobilisons nous aux côtés du front syndical uni contre le projet Borne - Ciotti ! Non à la retraite à 64 ans !", ajoute Olivier Faure.

Cette réforme est "injuste" pour Arthur Delaporte, porte-parole groupe PS à l’Assemblée nationale et député du Calvados. "Quand on dit à n'importe quel salarié qui allait prendre sa retraite aujourd'hui, qu'il va devoir faire un ou deux ans de plus c'est évidemment une injustice pour sa propre vie mais aussi pour les plus précaires", ajoute le socialiste. "Ça va concerner les salariés qui ont entre 55 et 60 ans, qui espéraient prendre bientôt leur retraite et qui malheureusement ne pourront pas."

Concernant les craintes vis-à-vis de cette réforme, Arthur Delaporte explique sur franceinfo qu'elles concernent "la santé" : "On sait très bien que l'espérance de vie - en bonne santé - des plus précaires est de 13 ans inférieure à celle des cadres. Donc on sait que si on oblige celles et ceux qui travaillent le plus dur à travailler plus longtemps, ça aura des conséquences sur leur propre vie."

Le RN veut "faire barrage"

Marine Le Pen a fait part mardi de sa "détermination pour faire barrage" à la réforme "injuste" des retraites présentée par la Première ministre Elisabeth Borne. "Après avoir été élu grâce à la gauche et à la France insoumise, Emmanuel Macron va tenter désormais, avec le soutien de LR, de faire passer la retraite à 64 ans" , a dénoncé sur Twitter la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale.

"Depuis le début on se bat contre cette réforme, c'est ce que nous allons faire en tant que premier groupe d'opposition", dénonce mardi sur franceinfo Laure Lavalette, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée nationale. Aux yeux de la députée du Var, "cette réforme nous paraît injuste parce que les Français ceux qui ont commencé à travailler tôt vont payer les mauvais choix politiques qui ont appauvri la France".

"Ça nous paraît injuste et illégitime car 75% des Français sont contre cette réforme inutile car pour l'instant le système est excédentaire même s'il va y avoir un déficit" dès 2023 selon le Conseil d'orientation des retraites (COR). "Nous avions un projet très clair, si vous aviez commencé à travailler entre 17 et 20 ans vous pourriez partir avec le projet de Marine Le Pen à 60 ans avec 40 annuités pleines et il y avait une progressivité jusqu'à 62 ans", précise Laure Lavalette.

"Une vraie réforme de protection", assure Renaissance

"C'est une réforme où on demande des efforts aux Français. Il faudra travailler plus longtemps c'est vrai mais en même temps c'est une vraie réforme de protection", assure mardi sur franceinfo Sylvain Maillard, vice-président du groupe Renaissance (ex-La République en marche) à l’Assemblée nationale. Le député de Paris admet qu'il reste encore du travail : "Il y a plein de points de détail sur lesquels nous allons travailler pour améliorer la réforme mais la réforme présentée par Elisabeth Borne est complète." Selon lui, elle "permet de revenir à l'équilibre et de garantir nos retraites."

Concernant la présentation du projet de loi à l'Assemblée attendue début février, "on verra ce que feront les oppositions, si elles décident d'avoir un vrai débat ou bien si elles décident de bloquer. On peut s'opposer tout en débattant. On veut essayer de convaincre tout le monde mais il nous faut une majorité", conclut-il.

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