Réforme des retraites : "Les Français demandent de la transparence" sur la commission mixte paritaire, estime le patron des députés socialistes
"Je crois que les Françaises et les Français demandent de la transparence et veulent savoir ce qu'il se passe et comment se font les discussions", a déclaré lundi 13 mars sur franceinfo Boris Vallaud. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a écrit à la présidente de la chambre basse du Parlement, Yaël Braun-Pivet, pour lui demander de rendre publique la commission mixte paritaire sur la réforme des retraites.
Sept députés et sept sénateurs doivent se réunir mercredi 15 mars à huis clos, pour trancher sur le projet du gouvernement. Selon Boris Vallaud, "ce qui peut aussi hystériser les débats, c'est le huis clos et le sentiment que les choses ne se déroulent pas dans la lumière".
franceinfo : Vous avez adressé une lettre à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour quelle raison ?
Boris Vallaud : L'usage, c'est qu'il y a un huis clos lors de cette commission mixte paritaire (CMP). Or, je crois que les Françaises et les Français demandent de la transparence et veulent savoir ce qu'il se passe et comment se font les discussions. A fortiori parce que le Sénat est allé au bout des discussions sur le texte, ce qui n'est pas le cas de l'Assemblée nationale, donc sur quelle base va se faire la discussion ? Pour la sincérité des débats et dans un souci de transparence démocratique, j'ai formulé la demande à la présidente - au-delà du règlement - de voir de quelle manière nous pouvions rendre publique cette commission mixte paritaire d'une nature particulière, comme c'est le cas pour les commissions ordinaires.
Vous savez que votre demande a peu de chances d'aboutir, puisqu'une des conditions du succès de ces commissions mixtes paritaires est la sérénité des échanges et pas sa publicité ...
La sérénité n'est pas l'ennemie de la publicité et la publicité n'est pas l'ennemie de la sérénité. Ce qui peut aussi hystériser les débats, c'est le huis clos et le sentiment que les choses ne se déroulent pas dans la lumière du débat démocratique, mais dans l'obscurité des couloirs. De ce point de vue-là, je crois que la démocratie gagnerait à ce débat, à cet éclairage dans un exercice, dont je ne sous-estime pas qu'il est compliqué, mais qui intéresse les Français. Ce droit de regard est important. Il est important pour nous aussi, parlementaires qui ne sommes pas membres de la CMP et qui avons besoin d'en suivre les débats. Des comptes rendus sont toujours faits de ces CMP, il n'y a donc pas de secret à priori de ce qu'il s'y passe.
"C'est quoi l'alternative, c'est que tout se fasse à huis clos, loin du regard des Français ? Ce n'est pas la façon dont je conçois le débat démocratique."
Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationalesur franceinfo
Est-ce que vous avez des craintes particulières, qui justifient que vous demandiez que ces débats soient rendus publics ?
Je ne suis pas mû par une forme de paranoïa ou de suspicion. Je dis que quand il y a des millions de Français qui manifestent depuis des semaines, que l'ensemble des organisations syndicales sont opposées à cette réforme, que l'Assemblée nationale n'est pas allée au bout du débat alors que le Sénat oui, je crois qu'il est utile à la sincérité du débat et à sa transparence que la CMP puisse être publique. Voilà. C'est un souhait que je formule et j'espère pouvoir convaincre un certain nombre de mes collègues. Je ne vois pas qui pourrait se désoler de la transparence.
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