Réforme des retraites : en coulisses, le MoDem et Renaissance se déchirent sur le passage en force
La Première ministre Elisabeth Borne reçoit les cadres de la majorité, ce mercredi 21 septembre, à Matignon, pour évoquer la façon de faire passer la réforme des retraites.
Après l'avertissement, la menace. La majorité continue de se diviser au sujet de la réforme des retraites, alors que l'exécutif fait comprendre qu'il pourrait passer par un amendement au budget de la sécurité sociale. Syndicats, LFI et le RN y sont vivement opposés, et le sujet s'annonce musclé, donc, aussi dans le camp du gouvernement. Après François Bayrou, c'est le patron des députés MoDem Jean-Paul Mattei qui a agité la menace d'un vote contre cet amendement. Elisabeth Borne reçoit, ce mercredi 21 septembre, les patrons des groupes de la majorité à Matignon. La Première ministre, avec à ses côtés le ministre délégué chargé des Relations avec le parlement Franck Riester, va ainsi entendre Aurore Bergé (Renaissance), Jean-Paul Mattéi (MoDem), et Laurent Marcangeli (Horizons), et au Sénat, François Patriat (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, à majorité Renaissance).
Reste que le MoDem a bien l'intention de peser de tout son poids pour éviter une réforme des retraites dans le budget de la sécurité sociale. Il y a plusieurs niveaux de lecture à cette pression considérable. D'abord, parce qu'autour de François Bayrou, on estime que des mesures de justice, carrières hachées, pénibilité, ne pourront pas exister dans des amendements au budget.
Choisir le "tempo du quinquennat"
Ensuite, les élus Modem agitent le risque d'une réforme qui mettrait le feu à l'Assemblée nationale. "On n'est pas à l'abri que la droite en plein congrès vote une motion de censure", avance un cadre du Modem. En clair, que l'opposition fasse tomber le gouvernement en cas d'usage de la procédure du 49.3.
Enfin, et ce n'est pas un détail, avec ce choix, se joue en coulisse une bataille de ligne : "Savoir quel tempo on donne au quinquennat", assume un cadre du MoDem. Il décrit, pour faire simple, deux options : la nouvelle méthode, le dialogue, le Conseil national de la refondation (CNR), portée par François Bayrou ou Richard Ferrand, et une méthode plus "dure", dit-il, incarnée par Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu ou encore le puissant secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler. Pas de quoi officiellement faire tanguer Elisabeth Borne. Son entourage prévient ainsi : "Ce n'est pas le genre de la Première ministre de décider sous la pression".
Pas d'unanimité non plus chez Renaissance
Le groupe Renaissance, anciennement La République en marche, lui aussi, est divisé. Un bon tiers des 170 députés sont ainsi un peu gênés : "On voit clairement la fracture gauche-droite", note un élu. Certains s'en sont ouverts, mardi 20 septembre encore, lors de la réunion du groupe Renaissance à l'Assemblée.
Charge donc à Elisabeth Borne, dixit un conseiller, "de faire le tour des popotes pour voir où chacun se situe" et essayer donc de trouver de possibles marges de manoeuvre que ce soit sur l'âge, sur les petites retraites ou encore les régimes spéciaux. Autant de curseurs susceptibles de rassembler la majorité qui seront à n'en pas douter au cœur d'un déjeuner entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne vendredi 23 septembre. D'autant que certains pressent pour que le choix soit annoncée rapidement. "Ce serait bien qu'on ne se mette pas tout le monde à dos sur la méthode, ça aura bien le temps d'être le cas sur le fond du texte", glisse un élu.
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