Réforme des retraites : "Emmanuel Macron fait comme si le mouvement social n'existait pas", après sa proposition de rencontrer les syndicats, estime la CFE-CGC
"Emmanuel Macron fait comme si le mouvement social n'existait pas", a déclaré mercredi 12 avril sur franceinfo François Hommeril, président de la CFE-CGC, après l'appel à l''esprit de concorde" lancé par le président de la République. Le chef de l'État depuis les Pays-Bas a voulu se projeter au-delà des décisions très attendues vendredi du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, en promettant aux syndicats un "échange qui permettra d'engager la suite et de tenir compte" du verdict des Sages. Ce sera difficile de faire "comme si les arguments qu'on a portés au débat n'existaient pas, comme si la majorité de la population ne rejetait pas sa réforme, comme si nous n'avions pas démontré qu'elle était injustifiée", assène la CFE-CGC.
franceinfo : Est-ce que vous avez le sentiment qu'Emmanuel Macron se moque de vous ?
François Hommeril : Oui, effectivement j'ai un peu ce sentiment. On a nous-mêmes proposé cette rencontre et c'était un effort de le faire au niveau de l'intersyndicale. Moi j'observe une chose, c'est qu'à chaque fois que le président de la République prend la parole à la veille d'une mobilisation c'est en général une mobilisation très forte qu'on a le lendemain, ça a été le cas le 7 mars au lendemain de sa déclaration au Salon de l'agriculture et ça a été le cas le 23 mars après son intervention la veille à 13 heures.
Avez-vous encore envie de le rencontrer ?
La question ce n'est pas vraiment l'envie. J'ai un mandat syndical et je me dois de le respecter et de respecter les institutions. Si le président de la République me demande de venir à l'Élysée pour discuter ce n'est pas dans la tradition de la CFE-CGC que de faire la chaise vide. Mais pour le reste, on va avoir un problème, car Emmanuel Macron fait depuis trois mois comme si le mouvement social n'existait pas, comme si les arguments qu'on a portés au débat n'existaient pas, comme si la majorité de la population ne rejetait pas sa réforme, comme si nous n'avions pas démontré qu'elle était injustifiée. Ça va être difficile de faire comme s'il ne s'était rien passé. C'est compliqué de développer des relations de concorde dans ces conditions-là.
Qu'attendez-vous du Conseil constitutionnel vendredi ?
J'attends que le Conseil constitutionnel censure la loi dans sa totalité. Je ne suis pas naïf. Je pense qu'il est probable qu'il visera un peu au milieu. Il est possible que certains articles, qui ont peut-être été mis là pour ça, soient réformés et que l'exécutif communique pour dire que l'essentiel de la loi est préservé. Nous, on a fait l'analyse en droit que cette loi ne doit pas être promulguée parce que son parcours législatif à l'Assemblée nationale n'était pas conforme à son contenu.
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