Prise de parole d'Emmanuel Macron : "On entre en résistance", lancent les grévistes de l'incinérateur d'Issy-les-Moulineaux en réaction à l'interview
Sur le piquet de grève de l'incinérateur d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) bloqué depuis plusieurs semaines, la télé est allumée, mercredi 22 mars, pour suivre, sous la tente rouge dans l'entrée du bâtiment, l'interview du président de la République. Emmanuel Macron apparaît à l'écran, mais au bout de quelques minutes, Frédéric Probel, secrétaire général du syndicat CGT énergie à Bagneux lui tourne le dos. "C'est insupportable d'entendre ça. Donc là, j'écoute, mais je ne regarde, je n'ai pas envie de le regarder", peste-t-il.
"Emmanuel Macron fait un doigt d'honneur à tous les camarades. Notre régime est équilibré et excédentaire. Lâchez-nous."
Frédéric Probel, secrétaire général du syndicat CGT énergie à Bagneuxà franceinfo
Pendant la trentaine de minutes que dure l'allocution, les remarques fusent. "Il a oublié qu'après le deuxième tour de vote [à la présidentielle] il avait dit : ce vote m'oblige… bla bla bla", lance un gréviste. Le président de la République est interrogée sur un éventuel retour à la normale, les grévistes répondent à sa place : "Quand il aura enlevé la réforme" parce que sinon "ça va être la généralisation des blocages (...) c'est ce qu'il vient d'ordonner en fait au peuple".
"Il se croit à un cocktail"; enchaîne François Ruffin député LFI qui s'est joint aux grévistes "On a un pays où il y a des tas de blocages partout où demain il va y avoir des manifestations avec un ou deux millions de personnes. Et là, il se croit à un cocktail où il est en train de deviser..." "En fait, c'est presque de la provoc. En fait, il voudrait qu'on casse tout, mais on n'a rien cassé, embraye Frédéric Probel. En revanche lui et son gouvernement risquent d'avoir mal". L'allocution touche à sa fin. La réforme des retraites devra s'appliquer d'ici la fin de l'année, maintient le président. "Eux avec toute leur bande, ça va piquer je vous assure que ça va piquer. Ils vont s'en rendre compte qui sont les invisibles. On entre en résistance et c'est le message qu'on va faire passer parce qu'il n'y a pas d'autre solution en fait. A bientôt, à bientôt, à bientôt", répond le syndicaliste à Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron "est dans une tour d'ivoire"
Cette intervention n'a servi à rien, dénonce Julien, responsable d'une équipe d'exploitation à l'incinérateur d'Issy-les-Moulineaux, "il n'est même pas capable de dire oui finalement, ça a été chaud pour nous. Et de reconnaître la difficulté qu'il a eue pour faire passer cette réforme. Et finalement, il s'entête. On a quelqu'un qui ne maîtrise plus, il est dans sa tour d'ivoire et finalement il va aller jusqu'au bout. Il ne change rien. On pensait qu'il allait y avoir un remaniement, qu'il allait peut-être sortir la Première ministre. Demain, tout le monde va aller manifester. L'incinérateur reste à l'arrêt pour l'instant jusqu'à dimanche. Mais les gens sont déterminés à ne pas lâcher parce que ce serait dommage de lâcher maintenant".
"On ira jusqu'au retrait", chantent les grévistes sur le piquet de grève devant l'incinérateur à la fin de l'interview d'Emmanuel Macron.
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