Cet article date de plus d'un an.

Manifestations contre la réforme des retraites : où en est la mobilisation ?

Les grévistes poursuivent leurs actions, notamment à la SNCF où le trafic reste "fortement perturbé" vendredi, et ce "sur l'ensemble des lignes".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6 min
Des grévistes devant la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique) le 10 mars 2023. (LOIC VENANCE / AFP)

La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit. A la veille d'une nouvelle journée d'actions et alors que l'examen du texte se poursuit au Sénat, des grèves reconductibles sont encore en cours dans plusieurs secteurs, vendredi 10 mars, afin de tenter de faire reculer le gouvernement. Dans une lettre à l'intersyndicale datée de jeudi, Emmanuel Macron a déclaré aux syndicats que le gouvernement restait "à l'écoute", mais sans donner suite à leur demande de le rencontrer en "urgence".

>> Réforme des retraites : suivez les dernières informations dans notre direct

Dans la lignée de la sixième journée de mobilisation mardi, la plus suivie du mouvement avec 1,28 million de manifestants dans le pays selon le ministère de l'Intérieur, et 3,5 millions d'après la CGT, les syndicats ont appelé à la poursuite de grèves reconductibles dans les secteurs des transports, des dépôts et raffineries, du gaz ou encore parmi les éboueurs. Franceinfo fait le point sur l'évolution de ce mouvement de protestation vendredi. 

Dans les gares

Le mouvement contre la réforme des retraites continue notamment à la SNCF, où le trafic reste "fortement perturbé" vendredi, et ce "sur l'ensemble des lignes". Selon la compagnie ferroviaire, "les prévisions de circulation ce week-end devraient rester perturbées de façon similaire à vendredi, avec des évolutions locales possibles". Il faut compter vendredi un train Ouigo et Inoui sur deux, et un train sur 10 pour les TGV province à province. Seul un Intercités sur quatre circule en moyenne. Deux TER sur cinq roulent en moyenne. Enfin seuls deux Eurostar sur trois, trois Thalys sur cinq et deux Lyria sur cinq sont au départ. 

En ce qui concerne la région francilienne, trois trains sur quatre sont annoncés pour le RER A, un train sur deux pour le RER B, un sur trois pour le RER C, un sur cinq pour le RER D et un sur deux pour le RER E.

A la RATP, le trafic est "en nette amélioration" vendredi par rapport à jeudi, annonce la Régie des transports parisiens. Il est "normal sur le réseau métro à l'exception de quelques lignes", ainsi que "sur les réseaux bus et tramway". "Le trafic pour la journée du samedi 11 mars devrait être quasi équivalente à la journée du vendredi", précise la RATP. Jeudi, l'intersyndicale RATP a appelé "l'ensemble des agents RATP à poursuivre la pression, sur le gouvernement et les parlementaires, en s'inscrivant dans l'appel de l'intersyndicale nationale", c'est-à-dire en participant à la manifestation prévue samedi après-midi à Paris, "et dans la grève et à la manifestation du mercredi 15 mars". 

Dans les aéroports

Depuis mardi et jusqu'à vendredi inclus, la direction générale de l'Aviation civile (DGAC) demande aux transporteurs aériens de réduire leurs programmes de vols "de 20% sur l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle et de 30% sur les aéroports de Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse", du fait d'une grève de contrôleurs aériens dénonçant le projet de réforme des retraites. Pour ces quatre journées − vendredi inclus − Air France a déclaré prévoir d'assurer "près de huit vols sur 10" tandis que sa compagnie low-cost Transavia a annulé 30% de son programme. 

Pour samedi et dimanche, la DGAC a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 20% de leurs vols dans plusieurs aéroports. Samedi, cette réduction du programme de vols concernera Paris-Orly, Marseille, Nantes, Toulouse et Bordeaux. Dimanche, seuls les aéroports d'Orly, Marseille et Toulouse seront affectés, a précisé l'administration dans un communiqué.

Dans les dépôts de carburants et les raffineries 

Vendredi matin, la grève était reconduite "sur tous les sites de raffinage de TotalEnergies et sur le dépôt pétrolier des Flandres", a annoncé à franceinfo Eric Sellini, coordinateur national de la CGT pour TotalEnergies. Le mouvement contre la réforme des retraites continuait donc dans les raffineries de Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), de La Mède (Bouches-du-Rhône), de Donges (Loire-Atlantique), de Feyzin (Rhône) ainsi qu'au dépôt pétrolier de Flandres à Mardyck (Nord), a précisé le syndicaliste.

A la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), les expéditions de carburant ont partiellement repris vendredi matin, selon le groupe, mais la CGT a dénoncé une "manipulation" de la direction et annoncé un "durcissement" du mouvement dans l'après-midi. "Notre direction a menti à l'équipe du matin en leur indiquant qu'une raffinerie proche de la nôtre faisait des expéditions via pipeline depuis le milieu de semaine", a affirmé Lionel Arbiol, responsable CGT du site. "L'équipe du matin a par conséquent laissé passer quelques expéditions, mais elles seront arrêtées dès 13 heures", a-t-il prévenu.

Les expéditions de carburants avaient déjà repris jeudi à la raffinerie d'Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime). A la raffinerie Petroineos de Lavéra (Bouches-du-Rhône), le blocage a été voté jusqu'à lundi matin, selon Sébastien Varagnol de la CGT. 

Pour le gaz et l'électricité 

Lundi, trois des quatre terminaux méthaniers qui permettent d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL) en France avaient été mis à l'arrêt pour "sept jours", avait annoncé lundi soir la CGT Elengy, afin de protester contre la réforme des retraites. Jeudi, les quatre terminaux étaient à l'arrêt, et 13 sites de stockage sur 14 − le dernier étant un petit site sans salariés − étaient également bloqués. Fabrice Coudour, secrétaire fédéral du syndicat FNME-CGT, agite la menace d'"une possible pénurie de gaz" d'ici quelques jours. "La détermination est d'autant plus intacte que ce passage de l'article 7" sur le report de l'âge légal de départ en retraite à 64 ans, adopté mercredi soir au Sénat, "renforce un peu la colère", affirme-t-il.

En parallèle, la CGT a revendiqué de nouvelles coupures d'électricité en Moselle et en Savoie, vendredi matin. A Thionville (Moselle), la mairie et le tribunal étaient privés de courant vendredi matin, et les fonctionnaires ont dû commencer leur journée de travail dans le noir, rapporte France Bleu Lorraine Nord. La CGT Energie de Moselle a revendiqué l'action. Au Bourget-du-Lac (Savoie), 2 000 clients de la zone d'activité Technolac étaient privés d'électricité dans la matinée. Enedis a confirmé l'information auprès de France Bleu Pays de Savoie.

Dans la gestion des déchets 

A Paris, les éboueurs continuent leur mouvement de grève contre la réforme. Jeudi, 3 700 tonnes de déchets n'avaient pas été ramassés dans la capitale, selon la mairie, contre 1 800 mardi soir. "Les activités de collecte des déchets restent très perturbées dans l'ensemble de la ville", a résumé auprès de l'AFP l'adjointe (PS) à la propreté Colombe Brossel. La mairie précise que "trois sites du Syctom [le syndicat de traitement des ordures ménagères dans Paris et une grande partie de sa banlieue] font l'objet de blocages, ce qui impacte l'ensemble de la collecte". Les usines d'incinération d'Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen étant à l'arrêt, les ordures collectées sont réacheminées vers des centres de traitement ou de stockage extérieurs 

Ailleurs en France, les éboueurs de la communauté d'agglomération Sophia-Antipolis ont également poursuivi leur mouvement de grève jeudi. Depuis mardi, près des trois quarts des agents sont en grève. Le préavis est annoncé jusqu'à samedi. 

Des poubelles sur un trottoir à Paris, le 10 mars 2023, alors que les éboueurs font grève contre la réforme des retraites. (THOMAS SAMSON / AFP)

Dans les établissements scolaires

Jeudi, des blocages, souvent partiels, ont été aussi organisés dans plusieurs lycées et universités. A Marseille, vendredi matin, les lycées Montgrand et Saint-Exupéry étaient bloqués, rapporte France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le lycée Foch à Rodez (Aveyron) était également bloqué, selon Centre Presse, tout comme le lycée Vaugelas à Chambéry (Savoie), d'après le syndicat étudiant Unef

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.