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La visite de Charles III reportée : une inflexion dans l'agenda d'Emmanuel Macron que l'opposition voit comme "une premiÚre victoire"

La visite d'État du souverain britannique est reportĂ©e a indiquĂ© Emmanuel Macron, Ă  Bruxelles, expliquant qu'on ne pouvait pas maintenir ce dĂ©placement et risquer d'avoir "des incidents Ă  la clĂ©".
Article rédigé par franceinfo, Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Emmanuel Macron lors de la conférence de presse aprÚs le Conseil européen à Bruxelles, le 24 mars 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le report de la visite de Charles III en France est-il une premiĂšre victoire pour les opposants Ă  la  rĂ©forme des retraites ? Depuis Bruxelles, oĂč il participe Ă  un Conseil europĂ©en, vendredi 24 mars, Emmanuel Macron rĂ©pond non et dĂ©fend une dĂ©cision de "bon sens". "Ce qui eut Ă©tĂ© dĂ©testable, pour le peuple britannique comme pour nous-mĂȘmes, indique le prĂ©sident de la RĂ©publique, c'est au contraire que nous essayions de maintenir comme si de rien n'Ă©tait, avec des incidents Ă  la clĂ©." Pour sa premiĂšre visite d'État, le roi d'Angleterre devait arriver en France dimanche et sĂ©journer Ă  Paris puis Ă  Bordeaux jusqu'au 29 mars avant de se rendre ensuite en Allemagne. 

>>Charles III : la visite du souverain britannique en France reportée

Jusqu'Ă  maintenant, Emmanuel Macron n'avait jamais laissĂ© bousculer son propre agenda par l'agenda social. À Bruxelles, Il maintient ce qu'il a dit lors de l'interview mercredi et qui a tant crispĂ©. Il est dĂ©terminĂ© Ă  continuer d'avancer. "Le pays ne peut pas ĂȘtre Ă  l'arrĂȘt. Nous avons des tas de dĂ©fis, assure Emmanuel Macron. D'abord pour faire face aux urgences. La sĂ©cheresse de l'Ă©tĂ© prochain et les pĂ©nuries d'eau que nous connaissons en sont une. Continuer Ă  rĂ©former le marchĂ© du travail et Ă  permettre de continuer Ă  crĂ©er de l'emploi dans notre pays en est une autre", prĂ©cise le chef de l'État. "Ce que nous avons Ă  faire en matiĂšre d'amĂ©lioration de notre sĂ©curitĂ© en est Ă©galement une autre. La loi de programmation militaire va arriver. Donc nous avons un agenda. Il va continuer Ă  avancer, le pays, le mĂ©rite et en a besoin."

Un changement de ton envers les syndicats

Et en mĂȘme temps, Emmanuel Macron profite de cette confĂ©rence de presse pour rectifier le tir aprĂšs avoir braquĂ© les syndicats mercredi. Un lĂ©ger changement de ton. Il avait hĂ©rissĂ© les syndicats en les accusant de n'avoir fait aucune proposition, aucun compromis sur la rĂ©forme des retraites. Il avait aussi refusĂ© de recevoir les syndicats qui lui avaient adressĂ© un courrier au moment oĂč le vote bloquĂ© avait Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ© au SĂ©nat. Ces derniers ont dĂ©noncĂ© "un bras d'honneur". Aujourd'hui, Emmanuel Macron dit  :"Ma porte est ouverte". "J'ai moi-mĂȘme, mercredi, indiquĂ© notre disponibilitĂ© Ă  avancer sur des sujets comme l'usure professionnelle, les fins de carriĂšre, les reconversions, l'Ă©volution des carriĂšres, les conditions de travail et les rĂ©munĂ©rations dans certaines branches. Et donc je suis Ă  la disposition de l'intersyndicale si elle souhaite venir me rencontrer pour avancer sur tous ces sujets". MĂȘme s'il ne rĂ©pond pas Ă  Laurent Berger, le patron de la CFDT, qui demande une pause dans la rĂ©forme, on notera une petite ouverture quand mĂȘme.

Cela n'empĂȘche pas les oppositions de voir un recul, voire un aveu de faiblesse dans ce report de la visite de Charles III. "Emmanuel Macron a trouvĂ© la marche arriĂšre", se rĂ©jouit Fabien Roussel, le secrĂ©taire national du Parti communiste. Pour Manuel Bompard, dĂ©putĂ© LFI Ă  Marseille et coordinateur de La France insoumise, c'est bien une victoire de la mobilisation sociale. "C'est la dĂ©monstration qu'au moins, Charles III, lui, entend les messages qu'Emmanuel Macron, manifestement, a du mal Ă  entendre, dĂ©clare le dĂ©putĂ© Insoumis. Je dis que c'est une premiĂšre victoire."

"Maintenant, Emmanuel Macron va peut-ĂȘtre comprendre qu'il vaut mieux reculer pour que les choses puissent rentrer dans l'ordre et qu'il vaut mieux renoncer Ă  sa rĂ©forme des retraites, tout simplement."

Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise

Ă  franceinfo

L'ÉlysĂ©e assure que la dĂ©cision a Ă©tĂ© prise Ă  deux, mais Downing Street a vendu la mĂšche : c'est bien Emmanuel Macron qui a demandĂ© au roi le report. Pour Roger Karoutchi, c'est un terrible aveu d'impuissance. Il devait accueillir Charles III Ă  l'Arc de Triomphe lundi. "Qu'on ne soit pas en situation, en Ă©tat d'assurer la sĂ©curitĂ© et la sĂ©rĂ©nitĂ© d'un dĂ©placement de 48 heures du roi d'Angleterre en France, c'est assez symbolique de la dĂ©gradation de la situation", dĂ©plore le sĂ©nateur LR des Hauts-de-Seine. "Non, on ne peut pas ĂȘtre satisfait de cette annulation. Franchement, annuler pour Ă©viter le pire, c'est en mĂȘme temps annuler pour ne pas montrer son extrĂȘme faiblesse."

Aucun des sujets qu'Emmanuel Macron voulait aborder avec Charles III n'aurait trouvĂ© d'audience, fait valoir l'ÉlysĂ©e. Relation franco-britannique, rayonnement de la France. La visite est reportĂ©e au dĂ©but de l'Ă©tĂ©, aprĂšs le couronnement du roi Charles III, a indiquĂ© Ă  Bruxelles Emmanuel Macron.

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