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La réforme des retraites est "morte et enterrée", selon la CGT, qui reste "extrêmement vigilante"

"Je ne pense pas que la réforme qui était initialement envisagée puisse être reprise en l'état", a déclaré le chef de l'État jeudi après-midi. La CGT se félicite de ces propos, mais affirme qu'elle restera attentive.

Article rédigé par franceinfo
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Une manifestation contre la réforme des retraites à Marseille, le 6 février 2020. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

"La CGT reste extrêmement vigilante et ne souhaite pas qu'on remette sur la table des ajustements que paieraient les actifs ou les retraités", a affirmé sur franceinfo Catherine Perret, la secrétaire confédérale de la CGT chargée des retraites et de la protection sociale, jeudi 3 juin. Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait estimé que cette très controversée réforme des retraites ne pouvait pas "être reprise en l'état", après sa suspension en mars 2020 au début de la pandémie de Covid-19.

franceinfo : Comment interprétez-vous cette déclaration d'Emmanuel Macron ?

Catherine Perret : Je pense que la réforme des retraites à points est morte et enterrée, et ça, le président de la République l'a bien compris. La mobilisation a été forte en 2019-2020. Je rappelle quand même que deux tiers des Français étaient contre cette réforme, parce qu'ils avaient bien compris que c'était destiné à faire baisser les pensions. Par là-dessus, il y a eu la pandémie et le Covid-19 et qu'il n'est pas question pour le président de la République de pouvoir remettre sur la table cette réforme qui était injuste pour tout le monde, pour tous les Français, pour les plus fragiles, ceux qui, justement, ont subi de plein fouet la crise sanitaire, qui se sont retrouvés, par exemple, au chômage partiel.

Si cette réforme à points était passée pendant la pandémie et qu'elle avait été effective, cela aurait mis en difficulté tous ces gens qui ont été condamnés pendant des mois à être au chômage partiel ou bien qui ont perdu leur emploi ou qui vont perdre leur emploi dans les semaines qui viennent. Donc, pour moi, la réforme à points est enterrée. Maintenant, nous avons bien écouté ce qu'a dit le président de la République, cela ne veut pas dire qu'ils ne vont pas chercher à nouveau à essayer de faire des économies autrement. C'est pour ça que la CGT est extrêmement vigilante et ne souhaite pas, évidemment, qu'on remette sur la table des ajustements que paieraient les actifs ou les retraités, parce que l'un des plus grands dangers, c'est de faire payer notamment les retraités actuels.

Emmanuel Macron a parlé de rencontre avec des syndicats notamment. Y a-t-il un nouvel agenda de réformes sociales ?

Non, il n'y a pas d'agenda. Et d'ailleurs, l'agenda qui était est prévu l'année dernière a été complètement annulé. L'ensemble des organisations syndicales avait dit à Emmanuel Macron et à Jean Castex qu'il n'était pas question qu'on rouvre le dossier retraites en 2021, pas plus qu'en 2022. Donc, il n'y a pas d'agenda. Il n'y a pas d'ordre du jour sur la retraite avec le gouvernement. Par contre, bien évidemment, il y a des projets de loi qui inquiètent, je pense en particulier au projet de loi concernant l'autonomie, parce qu'elle peut cacher des régressions en partie sur les retraites. Et puis va s'ouvrir une négociation sur la retraite complémentaire qui est inquiétante aussi, parce que le patronat peut être dans la démarche de vouloir réduire encore les droits en matière de retraite complémentaire.

Il y a un rapport qui vient de sortir qui est éloquent en la matière : un Français sur deux en 2019 est parti en retraite avec une décote aussi bien sur sa retraite de base que sur sa retraite complémentaire. Il faut au contraire inverser les choses, parce que les Français ne sont pas en capacité de travailler plus longtemps, la plupart ne sont pas en emploi à l'âge légal et beaucoup, je pense aux femmes en particulier, ont des très petites retraites avec des décotes importantes. Donc, s'il est urgent de faire quelque chose, c'est plutôt de changer complètement de cap et de mettre de l'argent pour financer un bon système de retraite.

Demandez-vous au président de ne plus toucher aux retraites d'ici la fin de son quinquennat ?

C'est bien ça. De toute façon, je pense qu'Emmanuel Macron n'a pas le choix à quelques encablures de la présidentielle. Sa réforme des retraites est morte et enterrée, mais elle n'est pas oubliée par contre. Les Français sauront se rappeler que ce qu'il a proposé, c'est une réforme qui était destinée à diminuer les pensions et à reculer l'âge de la retraite, et donc, bien évidemment, si toutefois il avait envie de rouvrir le dossier, il trouverait la CGT face à lui.

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