Qui a voté à la primaire socialiste ? Pas l'électorat le plus touché par la crise
Où la participation à la primaire socialiste a-t-elle été la plus forte selon l'Ifop? Dans les départements les plus urbanisés, les mieux encadrés par le PS et dans les fiefs des candidats. Beaucoup moins dans les départements en crise et les cités.
L'Ifop a publié mardi 3 janvier 2012 une enquête sur la participation à la primaire socialiste. Le nombre de votants a été comparée non au corps électoral global (qui mêle électeurs de droite et de gauche), mais au nombre de voix recueillies par Ségolène Royal au premier tour de la présidentielle de 2007, soit un corps électoral potentiel de neuf millions d'électeurs.
Principal enseignement de ce sondage: la plus faible participation a été enregistrée dans les départements en crise et les banlieues populaires. Par contraste, à Paris, un électeur sur deux de la candidate PS de 2007 à la présidentielle a voté.
Qui n'a pas voté ?
Si la région parisienne (du moins sa partie la plus favorisée), la Bretagne, ou des départements comme l'Aude se sont fortement mobilisés, la primaire a peu intéressé les départements du Nord et de l'Est sinistrés par la désindustrialisation.
A peine 20% des électeurs socialistes de 2007 ont participé en Moselle, autrefois bastion ouvrier sidérurgique et minier. Un département courtisé par Marine Le Pen, qui y a fait son premier grand meeting de campagne et par Nicolas Sarkozy qui y a fait son premier déplacement de l'année 2012. Moins encore de mobilisation dans l'Aisne ou les Ardennes. Et à peine plus (23,7%) dans le Pas-de-Calais, où la fédération socialiste doit gérer la mise en cause du député-maire de Liévin, soupçonné d'être impliqué dans un système de financement occulte du parti.
Même désaffection dans les cités populaires de Bobigny (11,6% de participants parmi les électeurs de Ségolène Royal), de Vénissieux (14,7%), de Vaulx-en-Velin (15,8%) ou de La Courneuve (17,3%).
Qui a voté ?
Les zones les plus actives dans le choix du candidat PS pour 2012 ? Les départements les plus urbanisés, et parfois les plus aisés (Paris, Hauts de Seine, Yvelines...), les départements d'élection des candidats (la Corrèze, dont François Hollande est député, la Saône-et-Loire, où est élu Arnaud Montebourg...) et ceux à fort taux d'encadrement du Parti socialiste (Haute-Garonne, Aude, Ariège...).
Qui a voté François Hollande ? Plutôt la France de l'Ouest.
Qui a voté spécifiquement pour le gagnant ? "La géographie "hollandaise" ne renvoie pas au final à des lignes de clivages connues", note l'Ifop. "On ne retrouve en effet ni la carte du vote de gauche, ni la carte du "non" ou du "oui" au referendum de 2005, ni l'opposition entre la première et la deuxième gauche."
"En revanche... la plupart des départements les plus favorables à François Hollande sont situés à l'ouest de la fameuse ligne Le Havre/Valence/Perpignan."
Et de conclure :"Cette ligne matérialise depuis plus de vingt ans la frontière entre une France de l'Est, où le Front national enregistre de très bons résultats, et une France de l'Ouest, moins touchée par la crise et la désindustrialisation et moins concernée par l'insécurité et l'immigration et plus réfractaire au vote Front national".
Une question qui devrait se réinviter dans la campagne. A l'automne dernier, le même institut de sondage publiait, pour la fondation Jean-Jaurès, une volumineuse étude intitulée "Le point de rupture". Elle expliquait pourquoi un électorat populaire en demande croissante de protection est de plus en plus tenté par le vote Front national.
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