Que va changer la baisse du taux directeur de la BCE ?
L'institution a abaissé son taux directeur d'un quart de point, à 0,25%, afin de prévenir le risque de déflation. Un seuil historique. Explications de l'économiste Christophe Blot.
A la surprise générale, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a annoncé, jeudi 7 novembre à Francfort (Allemagne), une baisse du principal taux directeur de la BCE d'un quart de point. Il s'élève désormais à 0,25%, son plancher historique. Alors que la précédente baisse ne date que du mois de mai, Mario Draghi a annoncé vouloir prévenir le risque de déflation dans la zone euro. Autrement dit, une baisse généralisée des prix qui pénalise l'économie, comme l'explique L'Express.
Francetv info a demandé à l'économiste Christophe Blot, de l'Observatoire français des conjonctures économiques, d'expliquer les effets de ce choix.
Francetv info : Quelles sont les conséquences de cette décision pour l'économie ?
Christophe Blot : La baisse de ce quart de point aura un effet probablement assez peu significatif. Cela peut jouer sur les investissements et la consommation, mais de façon très indirecte. En effet, les banques, qui se refinanceront un peu moins cher auprès de la BCE, restent libres de décider de fixer leur taux d'emprunt, c'est-à-dire de répercuter ou non la baisse du taux directeur sur leurs clients, entreprises et particuliers. Donc il n’y a pas vraiment de changement majeur à attendre sur l’économie à court terme.
En revanche, c’est un signal fort envoyé par la BCE. En décidant de prendre de l’avance, ce qui a d'ailleurs surpris tout le monde, l'institution monétaire confirme ses derniers messages en montrant une vraie volonté de peser un peu plus sur l'économie. En conséquence, le discours de la BCE est crédibilisé au niveau des banques de chaque pays, ce qui peut avoir un impact sur les emprunts de temps long.
Ce choix s'explique-t-il par l'inquiétude d'un euro trop fort par rapport au dollar ?
Christophe Blot : Ce choix peut contribuer à faire baisser l’euro fort, mais ce n’est pas le premier objectif. L’euro a déjà été plus élevé dans l'histoire, sans que la BCE n’intervienne pour autant. Un euro fort est une donnée parmi d’autres dans le choix de la BCE de baisser son principal taux directeur. Mais c’est vrai qu’avec un euro fort, la banque centrale s’éloigne de son objectif d’inflation de 2%. Actuellement, elle stagne sous la barre des 1%. Il existe un vrai risque de déflation.
La BCE a-t-elle pris un risque ?
Dans le contexte, je dirais qu’il n’y a pas de risque à prendre cette décision. Effectivement, dans l’absolu, quand les taux restent bas très longtemps, cela peut favoriser le développement d’une bulle financière, à l'image de la bulle immobilière qui a éclaté aux Etats-Unis en 2008. Mais aujourd’hui, on se trouve dans un contexte économique très différent. Le risque se situe plutôt au niveau de la faible croissance et de l’inflation trop basse.
Cette politique monétaire de la BCE est donc à prendre comme une bonne nouvelle. Mais attention, car si d’un côté on appuie sur l’accélérateur, de l’autre on freine avec les politiques d’austérité mises en place par les différents gouvernements.
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