Prime exceptionnelle : la fausse bonne idée du gouvernement, selon les partenaires sociaux
Nicolas Sarkozy l'évoquait depuis quelques semaines. Le ministre du Budget François Baroin a commencé hier à préciser les choses. On parle d'un nouveau dispositif pour pousser les entreprises qui versent des dividendes à verser aussi à leurs salariés une prime exceptionnelle "d'au moins 1.000 euros", selon François Baroin. La mesure pourrait être incluse dans la loi de rectification du budget du mois de juin.
Alors, nouveau gadget électoraliste, moyen de râtisser l'aile sociale de l'UMP, ou vrai soutien au pouvoir d'achat au moment où les dividendes du CAC 40 explosent ? Les partenaires sociaux sont pour le moins réservés. La CFTC et la CFDT reprochent notamment à la proposition de M. Baroin de ne concerner que les salariés dont l'entreprise verse des dividendes, une minorité. Ce qui fait préférer à la CGT et FO une "augmentation des salaires" pour tout le monde.
Et les syndicats ne sont pas les seuls à être dubitatifs. Du côté des patrons, les dents grincent aussi. Le Medef et la CGPME ont clairement affiché hier leur hostilité à ce que Laurence Parisot a qualifié de mesure "anti PME et anti TPE". "Je ne sais que dire tellement ces propos sont incompréhensibles", a déclaré sur Canal + la patronne des patrons, ajoutant qu'un tel système serait "très dangereux pour l'emploi".
Dans le Parisien ce matin, c'est Jean-François Roubaud qui s'agace. "Une prime obligatoire, cela voudrait dire qu'une fois de plus l'Etat
s'immiscerait dans nos entreprises", déplore le représentant des petites et moyennes entreprises. L'Etat, selon le président de la CGPME, "n'est pas forcement le mieux placé pour nous donner des leçons".
Quand on parle dividendes et actionnaires, c'est évidemment d'abord aux multinationales que l'on pense et pas forcément à la petite entreprise familiale du coin de la rue. Mais pour Laurence Parisot, il faut comparer ce qui est comparable. Certes, les grosses entreprises du CAC 40 engrangent des profits qui font tourner la tête : 80 milliards d'euros par an, dont 40 milliards de dividendes qui partent dans les poches de leurs actionnaires. Mais il faut voir que "le montant de la masse salariale" payée est de "220 milliards d'euros", souligne la patronne du MEDEF.
Cécile Mimaut, avec agences
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