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Pollution plastique : l'ombre des multinationales pétrolières plane sur les négociations du traité de Paris

Les représentants de 175 pays se retrouvent au siège de l'Unesco pour aboutir à un accord historique couvrant l'intégralité du cycle de vie du plastique. Mais les enjeux économiques risquent de paralyser certains débats.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration de pollution plastique. (FRED TANNEAU / AFP)

Après les ministres, place aux négociateurs : une session de cinq jours de discussions serrées s'ouvre lundi 29 mai à Paris afin de tenter d'avancer vers un traité pour mettre fin à la pollution du plastique. Les représentants de 175 Etats sont attendus, ainsi que des ONG et des représentants des entreprises du secteur du plastique, au grand regret des défenseurs de l'environnement, seront également présents pour assister aux débats jusqu'au 2 juin au siège de l'Unesco à Paris. 

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Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), qui accueille les négociations, a publié un projet visant à réduire les déchets plastiques de 80% d'ici à 2040. Il présente trois domaines d'action clés : la réutilisation, le recyclage et la réorientation des emballages plastiques vers des matériaux
alternatifs. Certains groupes de défense de l'environnement ont critiqué ce projet au motif qu'il se concentre sur la gestion des déchets, ce qu'ils considèrent être une concession au secteur du
plastique et de la pétrochimie. 

Des dizaines de milliards de dollars déjà injectées

Car, en arrière-plan de ces discussions, se profile l'ombre de multinationales du pétrole qui veulent intensifier leur production de plastique. Ainsi, l'utilisation de matière plastique et la production de déchets en plastique pourraient tripler d'ici 2060, c'est ce que prévoit un rapport publié en 2022 par l'OCDE, qui en a modélisé la production pour les décennies à venir. Des compagnies pétrolières y voient en effet une reconversion lucrative au moment où les moteurs thermiques sont remis en question, au profit des véhicules électriques. Aux Etats-Unis, les multinationales du pétrole investissent déjà des dizaines de milliards de dollars dans cette perspective. La Chine, elle aussi, consacre d'énormes moyens à la recherche et à la production, notamment à partir du charbon.

Autant d'argent mis sur la place, car la consommation du plastique pourrait progresser encore plus vite dans les économies émergentes d'Asie et d'Afrique subsaharienne que dans les pays industrialisés. D'où la confrontation entre les intérêts financiers des industriels dans les principaux pays producteurs et la volonté de certains Etats de limiter aussi vite que possible les dégâts causés à l'environnement.

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