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Polémique autour du blocage de la pub sur internet par Free

Grâce à une mise à jour de sa Freebox, le fournisseur d'accès à Internet a mis en place un blocage par défaut de la publicité présente sur internet. Une mesure qui pose un problème économique pour de nombreux éditeurs de contenus en ligne.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Désormais, les
utilisateurs de Freebox ne voient plus de publicités intempestives sur internet
(ou presque). L'opérateur Free a mis à jour le système interne de sa box en y
ajoutant une fonction de blocage des publicités. Cette fonctionnalité n'était
jusque-là possible qu'en téléchargeant des modules complémentaires pour un
navigateur. Elle est désormais activée par défaut, et quel que soit le
navigateur utilisé.

La découverte de cette
nouvelle fonction a provoqué un tollé sur Internet. Et pour cause : la
publicité est la principale source de revenus d'une majorité de sites dont le
contenu est gratuit. Si la publicité disparaît pour tous les utilisateurs Free
(qui sont cinq millions selon l'opérateur), le prix d'un espace publicitaire
peut baisser, soit un manque à gagner pour les sites.

Un danger pour la
démocratie ?

L'affaire, déjà surnommée
sur les réseaux sociaux, ne concernerait en réalité pas
que les publicités. Selon le site spécialisé Numerama, les scripts Google
Analytics (des codes de programmation qui permettent de compter le nombre de visiteurs sur une page) ont été eux aussi dans un premier temps bloqués. Dans la matinée de vendredi, Free a semble-t-il affiné ses filtres et cette fonction statistique n'est plus bloquée.

Pour Numerama, cette
fonction soulève un véritable problème démocratique : "Free montre le
pouvoir extraordinaire des fournisseurs d'accès à Internet sur l'information,
qui peuvent décider d'altérer le contenu d'un site internet
", peut-on
lire. Le problème étant que l'option est activée par défaut, et nécessite donc
une démarche de l'utilisateur pour être désactivée – encore faut-il que
celui-ci soit informé de la possibilité de la neutraliser.

Réunion ministérielle
prévue

La controverse a poussé la
ministre déléguée à l'économie numérique, Fleur Pellerin, à réagir sur Twitter
:

Elle demande donc elle
aussi que l'option soit "no opt-out", c'est-à-dire qu'elle ne soit
pas activée, par défaut. La ministre a par ailleurs annoncé qu'elle comptait
recevoir au plus tôt Free et les éditeurs de contenu pour se mettre d'accord.
Une rencontre qui pourrait avoir lieu lundi selon l'entourage de Fleur
Pellerin.

L'annonce a aussi suscité des réactions sur les places boursières : à la bourse de Paris, le cours de l'action d'Iliad, maison mère de Free, était en baisse de 2,09% à la mi-journée vendredi.

La fonctionnalité activée
par Free est encore en version "beta", quelques utilisateurs ayant
remarqué que des publicités passaient encore à travers le filet. Il s'agirait
en réalité d'une attaque de Free contre Google, les deux entreprises étant en différend
commercial. Les abonnés à Free auraient notamment déjà des problèmes de débit
concernant les vidéos publiées sur Youtube
 (qui appartient à Google).

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