Plan de relance : pourquoi risque-t-il de manquer sa cible ?
Le plan de relance décidé par le gouvernement pour aider les entreprises à mieux s'en sortir face à la pandémie de Covid-19 ne serait pas aussi efficace que prévu. Le décryptage de Fanny Guinochet.
C’est une étude qui promet de nourrir les débats sur le budget 2021 que l'Assemblée doit adopter mardi 17 novembre. Une étude selon laquelle le plan de relance de 100 milliards d’euros sera loin d'être efficace à 100%. Parce qu’il va très peu bénéficier aux entreprises qui en ont le plus besoin, celles qui sont les plus frappées par l’épidémie. C’est la conclusion des chercheurs de l’Institut des politiques publiques, un organisme indépendant. Selon eux, le plan de relance va surtout profiter aux grands groupes industriels, dans la mécanique, l’énergie, l’eau ou les déchets. Tout simplement, parce que la mesure phare du plan, c’est la baisse des impôts de production, ces impôts sur les entreprises, que le gouvernement va réduire de 10 milliards d’euros par an.
À cause du barème très progressif de cette fiscalité, mais aussi parce qu’ils dépendent du foncier que l’entreprise occupe, les grandes entreprises, avec des locaux, des entrepôts seront gagnantes par rapport aux petits commerces, aux hôtels-restaurants, ou aux sociétés de services. Réduire ces impôts, c’est une vieille demande patronale, qui n’a rien à voir avec la crise du Covid-19, dit l’étude, et l’impact de cette mesure va être très limité sur la relance de notre économie.
Des dispositifs de soutien qui remplissent leur rôle
Pour le coup, les économistes sont nettement plus positifs quant aux mesures prises depuis mars dernier. Que ce soit le chômage partiel, les prêts garantis par l’État dont les entreprises peuvent bénéficier, le fonds de solidarité,... Tout l’arsenal de soutiens remplit bien son rôle. C’est ce qui permet aux structures les plus fragiles financièrement de tenir, de ne pas licencier, de ne pas mettre la clef sous la porte.
Le soutien aux ménages va lui aussi dans le bon sens, même s’il reste des angles morts à combler pour les jeunes et les précaires, selon l’étude. Mais globalement, les coups de pouce aux plus modestes, comme la majoration de l’allocation de rentrée scolaire ou les primes exceptionnelles sont efficaces pour limiter la chute de revenus. Les économistes ont calculé que cela représente un gain de 173 euros en moyenne pour les plus démunis, dont le revenu est inférieur à 3 500 euros par an.
Enfin, l’étude vient confirmer ce que l’on pressentait : cette épidémie pénalise surtout les plus modestes, parce qu’ils travaillent souvent dans les secteurs les plus touchés par la crise, le transport, l’hébergement, restauration et qu'ils sont beaucoup plus souvent en contrats précaires et ont moins accès au télétravail. A l'inverse des cadres, qui souvent peuvent garder leur salaire complet, et même épargner.
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