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Médicaments: la contrefaçon en plein essor, notamment sur le Web

L'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments publie mercredi une étude pour alerter sur la contrefaçon croissante de médicaments au niveau mondial, notamment via Internet. 50% des médicaments vendus en ligne seraient des faux. L'Institut dénonce aussi l'augmentation du trafic organisé par de simples particuliers.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Qu'est-ce qui est moins risqué et beaucoup plus rentable que le trafic de drogue ? Le trafic de médicaments. Si bien que ce marché est en plein essor et que ce sont parfois de simples particuliers qui concurrencent des criminels aguerris, révèle une étude publiée mercredi par l'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM). 

Selon l'Agence de santé américaine, un médicament sur dix vendus dans le monde est un faux. Et selon l'Organisation mondiale de la santé, un médicament sur deux vendus sur Internet est un faux. Toutes les classes sont concernées : antibiotiques, contraceptifs, antipaludiques et même médicaments antirejet et contre le cancer.

Des médicaments parfois inactifs, mais parfois dangeureux

Ce marché des faux médicaments représenterait un peu plus de 10 milliards d'euros par an en Europe, dont un milliard en France. Dans les pays développés, 1% des médicaments seulement sont contrefaits. Mais dans certains pays d'Asie, d'Amérique du Sud et d'Afrique, un tiers le seraient. Et les conséquences peuvent être dramatiques, car les médicaments sont parfois simplement inactifs, mais parfois carrément dangeureux : en 2009, 84 enfants nigérians sont morts après avoir absorbé un sirop contre la toux qui contenait de l'antigel.

"Heureusement notre réseau actuel pharmaceutique en France semble nous protéger à l'égard de ces trafics ", indique le professeur François Chast, pharmacologue et toxicologue à l'Hôtel-Dieu à Paris. "Mais il faut s'attendre tôt ou tard à ce que ce type d'accident arrive aussi en France ", ajoute-t-il.

"Une criminalité en col blanc, qui travaille dans le secteur de la santé"

Cette étude s'intéresse aussi au rapport entre la contrefaçon de médicaments et les organisations criminelles. La place des organisations criminelles "classiques" et des réseaux terroristes dans ce trafic, difficile à estimer, semble limitée, souligne le rapport. Même si certaines grande sorganisations criminelles s'intéressent au buisness. Mais selon Eric Przyswa, auteur de l'étude, le marché du faux médicament est plutôt dominé par "une  criminalité en col blanc, qui travaille dans le secteur de la santé " et qui s'allie parfois à des particuliers.

Internet facilite le trafic pour les particuliers

Car pour les particuliers, le principe est simple : importer des médicaments contrefaits provenant d'Inde ou de Chine, par la Poste, et les revendre sur la toile à des prix attractifs. "Cette démocratisation de la criminalité est évidente dans le cas de la cybercriminalité où des outils informatiques puissants sont facilement accessibles pour un internaute anonyme ", indique le rapport de l'IRACM.

Mais alors, comment repérer ces faux sites ? "Des fautes d'orthographe, une hotline qui ne marche pas, laissez tomber ", conseille Wilfrid Rogé, directeur adjoint de l'IRACM.

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