"Vous chiez dans votre froc" : après les propos de Yann Moix sur les forces de l'ordre, un syndicat de police saisit le CSA
L'écrivain et réalisateur, chroniqueur dans "Les Terriens du samedi" sur C8, a accusé samedi soir les policiers de se "victimiser à longueur d'émission de télévision" alors que leurs "cibles préférées sont les pauvres et les milieux défavorisés".
Des propos qui ne passent pas. Le syndicat Alternative police CFDT a annoncé, samedi 23 septembre, avoir saisi le CSA après des propos "anti-flic" de l'écrivain polémiste et chroniqueur Yann Moix dans l'émission "Les Terriens du samedi", sur C8, le soir même. Le syndicat va également déposer une plainte dès lundi au pénal contre le réalisateur, a appris franceinfo dimanche.
Yann Moix a tenu ces propos lors de l'émission de Thierry Ardisson qui avait invité le journaliste Frédéric Ploquin, venu présenter son livre La peur a changé de camp, et deux policiers venus témoigner. "Si vous venez dire ici que les policiers ont peur, vous savez bien que la faiblesse attise la haine : dire que vous chiez dans votre froc, alors que vous faites un métier qui devrait prendre cette peur en compte..." a-t-il lancé sans terminer son raisonnement. Il a également accusé les policiers de se "victimiser à longueur d'émission de télévision" alors que leurs "cibles préférées sont les pauvres et les milieux défavorisés".
Moix invité à "faire un reportage avec les policiers"
"Je suis moi-même spectateur du harcèlement que vous pratiquez sur des gens inoffensifs (...) parce que, effectivement, la peur au ventre, vous n'avez pas les couilles d'aller dans des endroits dangereux", a-t-il ajouté.
"M. Moix ne connaît absolument pas les problèmes que nous rencontrons au quotidien dans l'exercice de nos missions", déplore sur franceinfo Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative police CFDT. Il appelle l'écrivain à se confronter au terrain. "Qu'il vienne avec nous dans les quartiers, qu'il voit ce que c'est, le quotidien d'un policier. Qu'il se prenne quelques pavés, frigo ou micro-ondes sur la tête quand il passe au pied des immeubles." Le syndicaliste doute du courage de Yann Moix : "On verra, quand il sera face à 50, 100 ou 200 individus qui chargent des policiers, s'il a, comme il le dit, 'les couilles' de rester sur place et d'affronter cette violence au quotidien, dont le seul objectif est d'atteindre physiquement mes collègues, pour les blesser voire pour les tuer."
Gérard Collomb dénonce des "propos intolérables"
Denis Jacob estime qu'il était impossible de laisser passer ces propos sans saisir le CSA. "On ne peut pas laisser une personnalité comme M. Moix, sous prétexte qu'il a une tribune médiatique assez libre, tenir des propos à une heure de grande écoute pour salir les policiers alors qu'on a des jeunes qui regardent ce type d'émissions. Au niveau du respect que l'on donne vis-à-vis de la police nationale, ce n'est pas fait pour aider."
Le syndicat a également appellé Gérard Collomb à "condamner avec fermeté ces propos ignominieux et à engager des poursuites". C'est ce qu'a fait le ministre de l'Intérieur sur Twitter, dénonçant des "propos intolérables".
Grossier sur la forme, indécent sur le fond : M. MOIX a, à nouveau, tenu des propos intolérables à l’encontre de nos policiers.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 23 septembre 2018
Je les condamne sans réserve et réaffirme mon soutien à nos forces de l'ordre dont je veux rappeler l'action exemplaire, partout sur le territoire.
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