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Les radios musicales taxées pour sauver l'industrie du disque

Le téléchargement illégal mène la vie dure aux radios musicales. Non seulement, les auditeurs se connectent plus sur Internet qu'ils ne se branchent sur les antennes mais en plus, ces dernières se voient à nouveau taxer sur les titres qu’elles diffusent. L’augmentation tombe le 1er janvier 2008. Les ondes musicales crient déjà à l’injustice et ne comptent pas se laisser faire…
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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"C’est comme si on faisait payer les contribuables honnêtes à la place des fraudeurs", peste Jean-Paul Baudecroux, le patron de NRJ, l’antenne musicale phare des adolescents.
A partir du 1er janvier 2008, les radios musicales seront taxées davantage encore sur les titres qu’elles diffusent. Une mesure visant à compenser leurs pertes de marchés dues au téléchargement sur Internet. La décision de la commission paritaire Andréani, à l’origine de cette évolution, prévoit des taux de rémunération progressifs de 4 à 7%, selon la situation économique des radios. Une bonne nouvelle pour les stations associatives qui paieront moins, mais pas pour les grandes antennes privées (NRJ, Skyrock, RTL…).
_ "Nous sommes les partenaires les plus loyaux du disque. Nous assurons la promotion de leurs tubes, nous payons pour une musique que tout le monde peut désormais télécharger gratuitement et c’est nous qui subissons la taxation !", s’étonne encore Jean-Paul Baudecroux, écœuré. Bien décidé à ne pas se laisser faire, les radios concernées se sont réunies hier soir pour décider de la marche à suivre. Un peu plus tôt dans la journée, trois syndicats radiophoniques avaient adressé une lettre à Christine Albanel, lui demandant un "recours hiérarchique" contre cette décision. Réponse : recours impossible, la commission "étant indépendante du ministère de la Culture".

Une aumône pour les majors du disque

La mesure est d’autant plus critiquée que les sommes en jeu ne sont pas à la hauteur des difficultés de l’industrie du disque. Un ensemble d’abattements préservent les radios du moment qu’elles assurent un nombre minimum d’heures de programmes d’informations ou d’intérêt local. Et si les surcoûts engendrés pour les antennes sont importants (300 000 euros par an pour Skyrock -le tiers du résultat net de la station), ils ne suffisent pas.
_ De plus, pour ne pas avoir à payer, les radios exclusivement musicales prévoient de diffuser moins de musique. Et plus de « talk ». Une tendance déjà effective qui ne sera pas non plus favorable à l’industrie du disque.
Peu importe, les majors du disque réclament la révision du barème de rémunération des radios musicales, identique depuis 1993. "Cette mise à jour ne va pas les tuer", déclare Thierry Chassagne, patron de Warner Music France. NRJ, première antenne visée, devra s’acquitter de 3 à 4 millions d’euros supplémentaires par an. Un impact moindre pour un groupe qui dégagé 53 millions d’euros net chaque année…

Le texte du Journal officiel n° 257 du 6 novembre 2007

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