Les journalistes de "La Provence" votent la fin de la grève mais estiment que "la confiance en la direction du journal sera difficile à restaurer"

Les salariés du quotidien protestaient contre la mise à pied du directeur de la rédaction. Dimanche soir, la direction du journal a annoncé avoir trouvé un "accord" avec Aurélien Viers permettant sa réintégration.
Article rédigé par franceinfo
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Lors d'un rassemblement de protestation au siège de "La Provence", à Marseille, le 25 mars 2024. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Les journalistes de La Provence ont voté à 56% lundi 25 mars la fin de la grève entamée vendredi après la réintégration sans sanction, dimanche, du directeur de la rédaction Aurélien Viers, a appris franceinfo de source syndicale. Pour le troisième jour consécutif, le journal La Provence n'avait pas paru ce lundi, pour protester contre la mise à pied du directeur de la rédaction. Dimanche soir, la direction a annoncé sa réintégration.

Le directeur de la rédaction avait été mis à pied vendredi en raison d'une Une après la venue d'Emmanuel Macron à Marseille jugée "ambiguë" par la direction. Deux jours après la visite du chef de l'État pour accompagner une opération de police contre le trafic de drogue, le quotidien affichait sur sa une, la photo d'un quartier de la cité phocéenne avec la citation : "Il est parti et nous, on est toujours là".

Une "erreur collective" selon la direction

Cette mise à pied devait durer une semaine, elle a finalement été raccourcie. La direction a jugé lors de cet échange que le directeur de la rédaction était de bonne foi. "Très heureux de reprendre le travail aujourd’hui au sein de cette belle rédaction de La Provence et au côté de Gabriel d'Harcourt, [directeur général et directeur de la publication de La Provence], avec l'équipe de WhyNot Médias", écrivait lundi sur le réseau social X, Aurélien Viers. "Merci pour tous vos messages", conclut son message.

La direction de La Provence assurait à franceinfo qu'il n'y a pas eu de revirement de situation, mais seulement une volonté de discuter avec Aurélien Viers pour savoir s'il était encore possible de travailler avec lui. Elle soutient qu'en mettant à pied le chef de la rédaction, il n'y avait pas forcément de volonté de le licencier, mais de "prendre le temps d'analyser le dysfonctionnement". La direction continue en effet de pointer du doigt la une du journal de jeudi, qu'elle qualifie d'"erreur collective".

"Nous savons que le combat n'est pas terminé"

La fin de cette grève "traduit toute l’inquiétude de la rédaction à pouvoir remplir sereinement ses missions d'information", soulignent les syndicats du journal dans un communiqué. Ils estiment que "la confiance en la direction du journal comme en celle du groupe sera difficile à restaurer". Les syndicats avaient indiqué dimanche que la réintégration du rédacteur en chef du journal n'était "qu’un préalable indispensable mais ne réglait pas tout. Trop d’ingérence, trop de maladresse et trop d’atermoiements ont rythmé cette séquence dont La Provence se serait bien passée en interne comme en externe".

Les syndicats ont rendez-vous mardi après-midi avec la direction "pour poursuivre les travaux en cours concernant la charte d’indépendance éditoriale, outil indispensable pour éviter qu’une crise de ce genre ne se reproduise". Ils se fixent comme objectif d'aboutir "à un document définitif le 15 avril""Parce qu’on ne transige pas avec la liberté éditoriale, nous savons que le combat n’est pas terminé", ajoute le communiqué. 

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