Les 80 ans de la libération de Paris : trois choses à savoir sur l'AFP, née le 20 août 1944
Une naissance dans les combats de la libération de Paris. Le 20 août 1944, un groupe de huit journalistes investit les locaux de l'Office français de l'information, place de la Bourse, où se trouve le siège de l'AFP aujourd'hui. 80 ans plus tard, cette agence de presse internationale est devenue un incontournable dans les médias français.
1 Un commando de huit journalistes et deux policiers
La chaleur est lourde et les rues sont vides ce 20 août 1940. Un petit commando, composé de huit journalistes résistants et de deux gardiens de la paix (les seuls à être armés), est envoyé par le Comité parisien de Libération au 13, Place de la Bourse. Ils se faufilent dans l'immeuble qui abrite l'Office français de l'information (OFI).
L'OFI avait été créé par le régime de Vichy en 1940 et avait pris la suite de la toute première agence de presse française qui était privée et qui s'appelait Havas. Elle "était devenue une agence de la propagande allemande", rappellera Gilles Martinet, un des huit journalistes résistants. Le groupe dont il fait partie est surtout formé d'anciens rédacteurs d'Havas : Claude Martial-Bourgeon, Pierre Courtade, Max Olivier, Jean Lagrange, Vincent Latève, Basile Tesselin, auxquels s'est joint Claude Roussel, frais émoulu de l'Ecole normale supérieure (ENS).
2 Une première dépêche adressée aux "journaux libres"
Le commando fait irruption dans la salle de rédaction. "Personne ne bouge, personne ne sort… Désormais, vous travaillerez pour la France, au lieu de travailler pour les Allemands", lance Claude Martial-Bourgeon à une dizaine de personnes encore dans les locaux. Aucun ne bronche et un censeur allemand est amené au sous-sol où on l'enferme. On distribue les responsabilités : Claude Martial-Bourgeon, l'aîné, prend les rênes, Gilles Martinet devient rédacteur en chef à seulement 28 ans.
En 1944, les créateurs de l'AFP veulent une information libérée de la censure allemande. Une première dépêche est publiée à 11h30 par les journalistes de l'agence où il est écrit : "Les premiers journaux libres vont paraître ; l'AFP leur adresse son premier service."
À cette époque, les dépêches de l'AFP sont tirées sur des ronéos rudimentaires et sont distribuées par des cyclistes aux journaux qui sont encore clandestins et s'appellent Combat, le Parisien libéré, L'Humanité. Les reporters de l'AFP sillonnent Paris et sa banlieue à vélo, vont à la rencontre des alliés et de la 2e DB. Le 25 août, l'agence annonce l'entrée du général Leclerc dans la capitale. "Toutes les cloches de Paris ont sonné et ça a été un intense moment d'émotion", racontera Gilles Martinet.
3 Des journalistes présents dans 150 pays
Aujourd'hui, l'Agence France Presse est l'une des trois grandes agences de presse occidentale avec la britannique Reuters et l'américaine Associated Press (AP). Ses 1 700 journalistes sont présents dans 150 pays. L’AFP livre en permanence à ses clients - comme franceinfo - des dépêches dans tous les domaines de l'information : faits divers, économie, politique, sports, etc. L'AFP est multimédia : texte, photos, vidéos.
Les recettes de l'AFP proviennent des abonnements, mais cela ne suffit pas. Il y a chaque année une compensation de l'État, justifiée par le fait que l'agence a une mission d'intérêt général. Elle est dirigée par un PDG et un conseil d'administration composé de représentants de la presse quotidienne nationale, régionale et de l'audiovisuel public. Il y a aussi des représentants de l'État, désignés par des ministères.
Le statut inédit de l'AFP mettra un certain temps à mûrir dans les esprits. Il sera créé par la loi du 10 janvier 1957, adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale, qui lui garantit son indépendance. Il est spécifié que l'agence ne doit en aucun cas passer sous le contrôle d'un groupement idéologique, politique ou économique. L'AFP est théoriquement indépendante, mais il est arrivé dans le passé que l'État intervienne de manière nette : dans les années 1970, le président de la République Valéry Giscard d'Estaing a poussé son candidat à la tête de l'agence, qu'il jugeait trop indépendante.
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