Le ton monte entre Sarkozy et l'audiovisuel public
Comité d'accueil, hier soir devant les locaux de France 3. Une centaine de salariés de France Télévision ont accompagné la voiture du président de la République aux cris de “Hold-up sur l'audiovisuel public”. Ils ont distribué des tracts pour dénoncer un “retour à la propagande” et une “attaque contre la démocratie et le pluralisme de l'information”.
A l'origine de cette réception plutôt fraîche, toujours le conflit autour de la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques, et la reprise en main du service public qui se profile. Les salariés s'inquiètent pour le maintient des financements. La taxe de 0,9% sur les opérateurs de téléphonie et d'internet censée compenser la fin de la publicité ne suffirait pas. Il manquerait au moins 200 millions d'euros pour que le budget des chaînes publiques reste le même.
Second point de friction, la nomination du président de France Télévision. A l'avenir, elle sera directement prononcée par l'exécutif, avec avis consultatif du CSA, alors qu'aujourd'hui, c'est le CSA lui-même qui en est chargé. Même si les sages de l'audiovisuel n'ont jamais nommé un candidat refusé par le ministère de la culture, cette nouvelle proximité inquiète.
A la hussarde
Enfin, la méthode présidentielle, pour le moins expéditive, heurte les salariés. Après l'annonce surprise de la fin de la publicité, le président a court-circuité la commission Copé en refusant toute augmentation de la redevance, avant d'aller plus loin que ses propositions dans son arbitrage final. Ajoutée à quelques interventions menaçantes - Nicolas Sarkozy s'est fendu d'une leçon au numéro deux de France 2 en affirmant qu'il s'impliquerait personnellement dans le cahier des charges - cette méthode à la hussarde laisse craindre aux salariés un interventionnisme présidentiel nuisible à l'indépendance éditoriale.
Nicolas Sarkozy n'a pas vraiment apprécié le comité d'accueil. Le site internet Rue89 a réussi à se procurer les images prises par les techniciens avant l'antenne pour régler leurs caméras et leurs lumières. Visiblement tendu, le chef de l'Etat s'en prend d'abord à un technicien qui n'aurait pas répondu à son salut, puis revient sur la mise au placard d'un des journalistes qui l'interviewe en plateau.
Question : comment cette séquence a-t-elle atterri entre les mains du reporter de Rue89 ?
Interrogé par la suite sur le dossier France Télévision, Nicolas Sarkozy dénonce l'opposition syndicale.
Le projet de loi sur la réorganisation de la télévision publique devrait arriver devant les députés d'ici octobre, selon la ministre de la culture, Christine Albanel. La publicité sera supprimée le 1er janvier après 20 h. Puis totalement en 2011.
Grégoire Lecalot, avec agences
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