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Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik a été condamné samedi en appel à six mois de prison en Tunisie

L'auteur d'écrits satiriques ciblant le chef d'Etat tunisien dans les médias français soutient être la cible d'un "procès politique" dans le cadre d'une "affaire fabriquée par les services spéciaux" pour le punir de ses écrits hostiles au régime.Le chef français de la Diplomatie M.Kouchner a regretté cette condamnation, dénoncée par la FIDH ou RSF.
Article rédigé par France2.fr
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Le journaliste Taoufik Ben Brik (avec l'eurodéputée française Hélène Flautre) le 16 mars 2007 à Tunis (AFP PHOTO FETHI BELAID)

L'auteur d'écrits satiriques ciblant le chef d'Etat tunisien dans les médias français soutient être la cible d'un "procès politique" dans le cadre d'une "affaire fabriquée par les services spéciaux" pour le punir de ses écrits hostiles au régime.

Le chef français de la Diplomatie M.Kouchner a regretté cette condamnation, dénoncée par la FIDH ou RSF.

Taoufik Ben Brik, 49 ans, a été condamné par la cour d'appel de Tunis pour violences contre une femme. Il avait été arrêté le 29 octobre et condamné le 28 novembre, à la suite d'une plainte déposée contre lui par une femme d'affaires, qui lui reproche de l'avoir aggressée et d'avoir endommagé sa voiture lors d'une dispute dans la rue.

Interrogé dimanche par TV5 Monde, RFI et Le Monde pour savoir si la France avait un quelconque moyen de pression sur Tunis pour obtenir sa libération prochaine, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a répondu: "En dehors de regretter, ce que je fais, non".

"Je suis pour la liberté de la presse, je pense qu'il faut absolument la respecter, et je m'efforce (...) de défendre cette position partout". Et d'ajouter: "Nous avons essayé au maximum de défendre cette liberté de la presse", précisant: "Mais pas seulement en Tunisie".

A Paris, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et Reporters sans frontières (RSF) ont dès samedi dénoncé la condamnation en appel. Des militants pour la liberté d'expression ont dénoncé des charges fabriquées de toutes pièces pour le faire taire. Les autorités ont démenti toute motivation politique et affirment que personne ne doit être au-dessus des lois.

Cet opposant notoire au président Zine el Abidine Ben Ali collabore avec plusieurs journaux français, ce qui a provoqué lors de cette affaire des tensions diplomatiques entre les deux pays amis, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, exprimant sa déception après l'arrestation du journaliste, Ben Ali dénonçant une "ingérence étrangère" dans les affaires intérieures tunisiennes.

La Tunisie est sensible aux critiques des pays de l'Union européenne car elle souhaite obtenir un statut de partenaire privilégié de l'UE.

La famille de Ben Brik demande sa libération pour raisons sanitaires. Selon Amnesty International, il souffre de diabète, de diarrhée chronique et du syndrome de Chushing, qui provient d'une désordre hormonal.

Les défenseurs des droits de l'Homme accusent la Tunisie de se servir de la police et des tribunaux pour faire taire les opposants au régime. La Tunisie est dirigée depuis 23 ans par le président Zine El Abidine Ben Ali.

Un critique du pouvoir tunisien
Né il y a 49 ans à Jerissa, localité minière du nord-ouest de la Tunisie, Taoufik Ben Brik est l'un des six enfants du fondateur du premier syndicat minier du temps du protectorat français (1881-1956).

Juriste de formation et francophone spécialisé dans la culture et le cinéma, il a commencé sa carrière dans les années 1980 dans la presse locale, avant d'être renvoyé du quotidien francophone gouvernemental La Presse.

Il s'engage avec la presse étrangère, notamment française, et entame une carrière sans frein. Avec sa plume au vitriol, il enchaîne les ouvrages et chroniques, maniant à souhait l'ironie et la satire avec toujours pour cible préféré le président Ben Ali. Ses neuf ouvrages et ses articles ne sont pas diffusés en Tunisie, où il demeure inconnu du grand public, la presse locale n'évoquant son nom que pour dénoncer un "scélérat", "un adepte de la violence" un "alcoolique" ou un "traître vendu à la France".

Le 3 avril 2000, il entreprend une grève de la faim de 42 jours pour protester contre des vexations dont il se dit l'objet, ainsi que sa famille. Cultivant l'esprit de clan avec ses neufs frères et soeurs, qui ont largement contribué à médiatiser sa grève, il réussit à impliquer la France, à commencer par l'ex-président Jacques Chirac, pour obtenir un passeport et son hospitalisation à Paris.

L'authenticité de son jeûne a pourtant été mise en doute par ses détracteurs. Certains de ses amis ont par ailleurs regretté qu'il n'ai pas joué un rôle majeur pour fédérer l'opposition en Tunisie.

Après plusieurs allers-retours entre la France et la Tunisie, il rejoint son épouse et ses deux enfants à Tunis et reprend en août dernier ses chroniques farouchement opposées à la réélection du président Ben Ali pour un cinquième mandat.

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