Le fils du journaliste Bernard Mazières aurait commandité le meurtre de son père par haine et non pour de l'argent
L'ancien journaliste politique du Parisien a été retrouvé mort à 60 ans le 24 décembre, chez lui, à Paris (6e).
Le 1er janvier, son fils de 17 ans, et l'un de ses amis, ont été mis en examen et écroués. Le fils aurait commandité le meurtre, commis par son ami, "sans aucune contrepartie", a indiqué jeudi une source proche de l'enquête.
"Il faut arrêter avec cette histoire de drogue, cela n'a rien à voir avec cette affaire", a résumé l'un des enquêteurs de la police judiciaire. "Il était en conflit avec son père, il le détestait, et refusait son éducation bourgeoise", a expliqué un enquêteur, "cela tient plus d'un conflit de génération où le contexte de la drogue n'a rien à voir".
L'avocate du fils, Me Emmanuelle Kneuzé, a également assuré jeudi sur France Info que cette version liée à la drogue n'était pas fondée.
"On a écrit (...) que cette affaire reposait sur un prétendu conflit financier (...) on a également dit que c'était un garçon qui était un grand consommateur de drogue, tout cela est parfaitement inexact", a-t-elle assuré.
"C'est un dossier dont le ressort principal est un ressort psychologique", a-t-elle ajouté, évoquant "une relation entre le père et le fils qui était manifestement très complexe".
Selon les éléments de l'enquête, le fils était présent le soir du drame, en bas de l'immeuble de son père et aurait permis au meurtrier présumé de s'introduire chez lui. Il a reconnu lors de sa garde à vue avoir "acheté un marteau américain" qui a été utilisé, ainsi qu'un "couteau trouvé sur place par le meurtrier", pour tuer son père, a assuré une source proche du dossier.
"En fait cela faisait des semaines qu'il avait ça en tête", selon cette source.
M. Mazières avait été retrouvé mort par sa femme de ménage, dans la chambre de son fils, avec qui il vivait. L'autopsie avait confirmé qu'il était mort le crâne fracassé par un objet contondant et qu'il avait été poignardé à la gorge. Aucune trace d'effraction n'avait été relevée par les enquêteurs.
Une cérémonie religieuse était initialement prévue vendredi à l'Eglise Saint-Sulpice à Paris à la mémoire de Bernard Mazières, mais elle a été reportée sine die en raison de l'enquête judiciaire, selon une journaliste.
Ce meurtre avait suscité l'émotion de la classe politique. Fils d'André Mazières, éditorialiste politique de la Charente Libre, Bernard Mazières avait notamment travaillé à FR3 (aujourd'hui France 3) à Strasbourg avant de participer à l'aventure des radios libres en 1981, à Radio-Express, lancée par l'hebdomadaire éponyme. Il y avait ensuite rejoint le service politique avant un bref passage à Radio Monte-Carlo (RMC).
Embauché au Parisien en 1997, il y est resté jusqu'à sa retraite il y a un an.
L'hommage de la classe politique
Jean-Marc Ayrault (PS), président du groupe socialiste, radical et citoyen à l'Assemblée nationale, a exprimé l'émotion de tous les députés socialistes après ce "lâche assassinat", saluant "sa grande intégrité morale et professionnelle".
"Profondément attristée", l'UMP a de son côté, rendu "hommage à cet homme reconnu par tous ceux qui l'ont côtoyé pour son professionnalisme et sa générosité", a déclaré son porte-parole Dominique Paillé, soulignant "l'empreinte de Bernard Mazières sur la presse française qu'il aura servie avec passion et abnégation".
La vice-présidente du Modem, Marielle de Sarnez, s'est déclarée "absolument bouleversée et choquée" par le meurtre."Il va énormément nous manquer. C'était quelqu'un qui avait de très grandes qualités, professionnelles et humaines. Il avait un jugement sûr", a-t-elle déclaré.
Bernard Mazières, 60 ans, avait quitté il y a un an ses fonctions au Parisien. Son corps a été retrouvé par sa femme de ménage, dans la chambre de son fils avec qui il vivait, dans le VIe arrondissement de Paris. La mort pourrait remonter à jeudi soir. Aucune trace d'effraction n'a été relevée par les enquêteurs.
Au cours de sa carrière, Bernard Mazières avait travaillé à FR3 (aujourd'hui France 3) à Strasbourg avant de participer à l'aventure des radios libres en 1981, à Radio-Express lancée à l'époque par l'hebdomadaire éponyme. Il y avait ensuite rejoint le service politique, avant un bref passage à Radio Monte-Carlo (RMC). Embauché au Parisien en 1997, il y est resté jusqu'à sa retraite en 2009. Il y occupait alors le poste de rédacteur en chef adjoint en charge de la politique.
L'émotion de la profession
D'anciens confrères, émus et surpris des circonstances de son décès, l'ont décrit comme fin, cultivé, séducteur et bon vivant. "C'est incompréhensible", a réagi samedi Jacques Espérandieu, qui a travaillé avec lui au Parisien/Aujourd'hui en France, ajoutant que "personne ne lui connaissait d'ennemis".
"Bernard était très chaleureux et très aimé, un vrai professionnel qui adorait la politique", a déclaré de son côté Dominique de Montvalon, ex-directeur de la rédaction du Parisien. "Nous avons écrit ensemble des centaines d'articles et formions un tandem à la tête du service politique quand j'étais chef du service et qu'il était mon adjoint."
L'ancien directeur de la rédaction du Journal du dimanche (JDD), Jacques Espérandieu, a évoqué dimanche dans l'hebdomadaire un homme "gai, joyeux, brillant". "Nous nous étions rencontrés il y a une dizaine de jours" dans un restaurant, où "nous avons parlé presse, politique, crise, projets, avenir de Lucas, son jeune fils", relate le journaliste du JDD, décrivant "ce brio, cette élégance, cette assurance et le profond goût de la vie et de la fête qui le caractérisaient".
"Il fallait voir l'aisance avec laquelle il côtoyait, interrogeait, asticotait parfois les personnages du théâtre politique", qui était "pour lui une passion, même s'il affectait, vis-à-vis de ce monde si particulier, un certain détachement teinté d'ironie", raconte dimanche Le Parisien dans un article titré "Adieu Bernard".
Né le 1er juin 1950, il était le fils d André Mazières, éditorialiste politique de la Charente Libre. En février 2007, il avait co-signé avec Béatrice Houchard un "Dico inespéré de la droite" (Le Parisien).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.