Le CSA bride les télés des bébés
L’"outil ludo-éducatif que les parents attendaient (…) favorisant l’éveil, l’activité et l’interaction"… Les différentes chaînes de télévision pour les 0-3 ans n’y vont pas de main morte pour vanter les mérites de leurs programmes. Abreuver les bébés-nouveaux-téléphages d’images et de sons ne serait pas dangereux pour eux. Mieux, ce serait bénéfique pour leur développement.
"C’est le monde à l’envers", s’insurge le pédopsychiatre Serge Tisseron, qui a lancé il y a quelques mois une pétition en ligne pour dénoncer "les mensonges éhontés" de ces chaînes pour bébé. S’il est "inévitable que les petits soient devant le poste à un moment ou un autre, le problème de ces chaînes, c’est qu’elles viennent en plus" de la consommation quotidienne, souligne le pédopsy. L’enfant regarde la télé avec ses aînés, puis les programmes pour bébé. "C’est double peine ! ", analyse Serge Tisseron.
Après plusieurs mois de travail sous la houlette d’Agnès Vincent-Deray, présidente du Groupe d’études sur la protection de l’enfance, le CSA a décidé d’encadrer très sérieusement la manière dont les Baby First, Baby TV, Gulli et autre Tiji font leur promo. Les experts consultés par le CSA estiment en effet que la consommation de télévision chez les tout petits favorise "la passivité, les retards de langage, l’agitation, les troubles du sommeil et la concentration". Exactement le discours inverse de celui des chaînes.
Désormais, elles ne pourront plus dérouler d’argumentaire commercial sur un prétendu bénéfice de leurs programmes pour les tout petits. De même, les chaînes et les opérateurs qui les diffusent (CanalSat, Free, NeufCégétel, TPS…) devront informer leurs abonnés sur les risques que représentent ces télévisions, pour la santé des moins de trois ans.
Seulement, ces règles ne pourront s’appliquer qu’aux chaînes diffusées depuis la France (Tiji, Gulli…). Or, les deux principales chaînes pour bébés, Baby TV (lancée en France en 2005) et Baby First (2007) émettant depuis la Grande-Bretagne, elles échapperont donc aux règles édictées par le CSA.
Gilles Halais avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.