Latélé moribonde ? Internet superstar ? C'est ce que l'étude eMerketersvoudrait nous faire croire. Selon les données comparées par l'institut,Internet deviendrait le média sur lequel les Américains passent le plus detemps, 5h09 (via les smartphones, les tablettes et les ordinateurs) contre 4h31devant la télévision classique. Un changement évidemment très important cardans les 50 dernières années, c'était la télé qui était le média numéro 1.Une analyse à nuancerAttentioncependant à nuancer les chiffres utilisés par eMerketers qui ne sont qu'uneestimation, contrairement à ceux habituellement utilisés de l'institut Nielsen. Selon sa dernière analyse, lesAméricains passent en moyenne 4h39 par jour devant la télé, temps auquel ilfaut ajouter 36 minutes de DVD pour correspondre aux données eMarketers. On estdonc loin d'un inversement des tendances si on en juge ces chiffres.Resteque le temps passé devant Internet est en constante augmentation. Pas étonnantvu la mobilité de l'accès et la multiplication des usages. Avec la 4G, toutcela devrait aller encore plus vite, donc être encore plus accessible. Leséquipements devraient se développer et les prix baisser.Sanscompter que la tendance est au "multi-tasking", autrement dit, le multi-tâche,l'exemple le plus évident étant le fait de regarder la télévision en surfant enmême temps sur internet par exemple pour commenter sur Twitter.Est-ceque la France suit la même tendance ?Oui,mais avec beaucoup de retard. En 2012, selon Médiamétrie, les Français ontregardé la télévision en moyenne 3h50, 3 minutes de plus qu'en 2011. 14% deplus en 10 ans. Dans le même temps, certes la consommation de média numérique adoublé, mais elle est encore loin d'atteindre celle de la télévision : 1h50en 1998, 2h16 selon les dernières mesures de l'Insee.SelonJulien Rosanvallon, le directeur du département télé chez Médiamétrie, il n'y aqu'une très petite minorité de Français qui consomment plus d'écran multimédiaque d'écran de télé, ne serait-ce que par le taux d'équipement : "Laquasi-totalité des Français possèdent un téléviseur, 75% un ordinateur, lamoitié un smartphone et un cinquième possèdent une tablette. Quelle quesoit le prisme par lequel on regarde, la télévision reste le 1erécran" conclut Julien Rosanvallon.Queleffet sur les programmes ?"Lemodèle n'a pas encore été trouvé en la matière , répond Julien Riosanvallon. Leschaînes testent des choses, il y a des opportunités à saisir. " Comparée aux années sans Internet, la télé a quand même bien évolué, plus de rythme, plus de contenu, des liens avec les réseaux sociaux.Aux Etats-Unis,c'est dans lafiction que l'effet se fait le plus sentir en ce moment avec l'arrivée de nouveaux acteurs grâce au Web. Netflix par exemple, site internet américain de vidéo à la demande, produit sespropres séries (House of Cards sera diffusé en septembre sur Canal+)saluées par la critique. Plus besoin de diffusion à la télé sur les chaînestraditionnelles pour exister. Les revenus de Netflix dépassent désormais lemilliard de dollars et son action est celle qui a le plus progressé sur la côteaméricaine : +134% depuis le début de l'année.Netflix en est sûr, la vidéo en ligne via internet va remplacer la télé derendez-vous proposée en mode linéaire, les applications vont remplacer les chaîneset les écrans vont proliférer.Et c'estvrai qu'aux Etats-Unis, la ligue de baseball propose de regarder ses matchs surson application, quant à la BBC, elle commence à développer des programmes pourson "player" avant même de les montrer à l'antenne.Des menaces et des alternativesUn bouleversementqui menace en revanche directement les opérateurs du câble : pourquoipayer un abonnement à une chaîne thématique qui diffuse en continue alors qu'avecles télé-connectées et les box des FAI, on peut accéder à des programmes à lademande ? Regarder ce qu'on veut quand on veut ?Quantà l'alternative que représentent les chaînesthématiques lancées sur internet par Youtube, elles ne remportent pour l'instanten France pas beaucoup d'audience mais plusieurs producteurs importants s'ysont quand même risqués, Capa, Endemol ou le AirProd de Nagui pour Taratata, toussoucieux d'avoir un pied dans le net en cas de révolution.Trois scénarios pour la TV face à InternetFaceà cette accélération de la consommation d'Internet, Havas média a même élaboré troisscénarios dans un livre blanc sur le sujet : soit la télé garde sa placecentrale dans le foyer avec des contenus enrichis sur le web, soit letéléviseur devient un écran comme un autre pour accéder aux contenus internet, soitla télé se dote d'applications et autres outils pour intégrer les plus d'Internet.C'est là que la Social TV prend toute son ampleur. Un virage stratégique pris depuisun an par les chaines historiques avec le lancement de plusieurs applications "doubleécran" : Internet y accompagne le visionnage de ce qui se passe à la télé.Des applications qui permettent de commenter, de jouer ou d'accéder à ducontenu supplémentaire (MyTF1.fr par exemple). Mais l'écran de référence restele petit car c'est là que la publicité est la plus lucrative. Pour la télé,internet reste un moyen de capter les téléspectateurs, de recréer du lien entrele programme et eux et d'éviter le zapping.Quels que soient les chiffres, les courbes ou les données, tousles acteurs de la télé ou d'internet conviennent d'une chose : c'est laqualité de l'offre qui compte au final pour garder les yeux rivés sur l'écran.