La famille Servan-Schreiber a inspiré pour la première fois une fiction, diffusée sur France 2 le 25 novembre à 20h35
On connaît Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur de l'Express, moins son père Emile et son oncle Robert, à l'origine des Echos.
Clara, une passion française raconte la réussite de cette grande famille bourgeoise juive partie de rien, en se focalisant sur sa fondatrice, Clara Schreiber, incarné par Hanna Schygulla.
En 1879, cette jeune juive allemande a quitté Berlin pour rejoindre son mari Joseph à Paris avec le rêve de devenir française, coûte que coûte, malgré le climat antisémite. Cette ambition chevillée au corps, elle l'a transmise à ses enfants Emile, Robert et Georges, puis à ses onze petits-enfants.
Le film, diffusé sur France 2 les 25 novembre et 2 décembre, retrace en deux
épisodes le parcours de deux branches de la famille, celles de Robert et d'Emile, fondateurs des "Echos de l'exportation", premier bulletin des achats par correspondance - l'ancêtre du premier quotidien économique français.
Il fait découvrir aussi la vie de la féministe Suzanne Crémieux, la femme de Robert, qui lutta pour le droit de vote des femmes et devint vice-présidente du parti radical. Emile, lui, épousa Denise Brosard, une infirmière catholique qui lui donna cinq enfants et fut maire de Veulettes-sur-Mer (Seine-Maritime), où son fils Jean-Jacques ("JJSS") vécut ses derniers jours.
"Clara, une passion française" montre comment, au-delà de la réussite, les Servan-Schreiber ont été une famille engagée, impliquée dans son siècle sur le plan politique, médiatique et même militaire.
"Clara se voulait un modèle de citoyenneté: il fallait ramener des médailles de guerre, s'ancrer dans les terres, épouser des catholiques... Une intégration à marche forcée emblématique de beaucoup de familles juives d'Europe centrale", rapporte le réalisateur Sébastien Grall.
Personnage ambitieux et manipulateur, Clara mettait la barre presque trop
haut, entraînant de puissantes rivalités et conférant à l'histoire un petit côté
"Dallas", ajoute-t-il. "Clara était sacrée. Il fallait être irréprochable", confie Jean-Claude
Servan-Schreiber, seul membre de la famille encore vivant à l'avoir connu. Hanna Schygulla, qui vit à Paris depuis plusieurs années, "ressemble étonnamment à ma grand-mère", relève-t-il.
L'idée de faire une fiction est partie d'un documentaire sur Arte en 2002, "Les Servan Schreiber, l'ambition d'une famille". "J'ai trouvé l'histoire très romanesque, dit Sébastien Grall. Mais faire une fiction sur une famille vivante, cela tient du miracle. Nous avons réussi grâce à la sérénité de la productrice", qui n'est autre que Fabienne Servan-Schreiber (Cinétévé), arrière petite-fille de Clara.
"Nous avions beaucoup de photos et de films personnels. Les utiliser dans une fiction permettait de raconter la grande histoire à travers des individus", souligne-t-elle.
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