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La commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale a donné son aval mardi, à la nomination de Rémy Pflimlin

La veille, c'est le Sénat qui avait donné son accord. Ce second vote positif équivaut donc à une validation de cette nomination par le Parlement.Sur les 70 députés membres de la commission, seuls 21 ont pris part au scrutin : 20 ont approuvé cette nomination, un autre a émis un vote négatif.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 12min
Rémy Pflimlin - 7/07/2010 (AFP / MARTIN BUREAU)

La veille, c'est le Sénat qui avait donné son accord. Ce second vote positif équivaut donc à une validation de cette nomination par le Parlement.

Sur les 70 députés membres de la commission, seuls 21 ont pris part au scrutin : 20 ont approuvé cette nomination, un autre a émis un vote négatif.

Les élus socialistes et communistes ont refusé de prendre part au vote, dénonçant un mode de nomination "malsain" du responsable de l'audiovisuel et évoquant "une régression démocratique".

Rémy Pflimlin a été auditionné lundi par les commissions des deux chambres. Il a également reçu le même jour l'accord du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) par six voix et trois abstentions.

Il s'est porté "garant" de l'indépendance de France Télévisions lors de son audition par les députés. Il a répété devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée qu'il estimait que l'abandon de la publicité contribuait à l'indépendance du groupe public.

Rémy Pflimlin devant le CSA
Devant le CSA, Rémy Pflimlin, jeudi dernier, a d'abord exposé sa vision pour l'avenir du groupe, basée sur un "contrat de confiance" avec le téléspectateur autour de valeurs "républicaines", de "prise de risque", de "rigueur" et "d'indépendance".

Puis il a répondu aux questions très générales des membres du CSA sans avoir à aborder la question des moyens financiers.

"Une offre de programmes et d'information pour tous et sur tous les supports" tel est le projet que Rémy Pflimlin entend "bâtir avec les équipes", "s'il est nommé à ce poste", une proposition peu sujette à controverse tout comme ses objectifs en matière de contenu et de création.

Programmes: renforcer l'innovation, élargir l'offre
M. Pflimlin a souhaité soutenir la production française, poursuivre le travail d'innovation de la fiction notamment sur les formats et a évoqué l'idée de développer un "feuilleton de journée". Il s'est aussi prononcé pour un renforcement des financements dans l'écriture et le développement.

Prônant un élargissement des documentaires aux thèmes des sciences et de l'histoire, une plus grande visibilité pour les spectacle vivants, notamment ceux liés à la création contemporaine, et des programmes culturels moins liés à des références patrimoniales", Rémy Pflimlin s'est aussi prononcé sur "la téléréalité" indiquant : " telle qu'elle est sur les chaînes privées, je me l'interdis tout à fait. Ce que je ne supporte pas, c'est la vulgarité".

Il a par ailleurs jugé que le guichet unique qui centralise le choix des programmes devait "évoluer".

Publicité: avoir la garantie des ressources
Rémy Pflimlin a indiqué que la suppression totale de la publicité était consubstantielle à une télévision publique, permettait d'avoir une indépendance totale et précisé qu'il s'inscrivait bien "dans le cadre de la loi" (qui prévoit sa suppression totale d'ici fin 2011), mais que cela s'accompagnait d'une garantie des ressources.

En cas de maintien de la publicité en journée, il demandera un "moratoire" pour que France Télévisions puisse garder la maîtrise de son outil, à savoir sa régie publicitaire, dont le chiffre d'affaires (environ 300 millions d'euros) sera "nécessaire au développement du groupe".

Numérique: un retard à rattraper

Sur la question "centrale" du numérique, M. Pflimlin nommera à ses côtés un responsable numérique pour définir une stratégie et faire les choix technologiques.

Il a évoqué des "efforts" pour rattraper des retards sur les réseaux sociaux, la télévision de rattrapage ainsi que sur le développement des outils de portage et a insisté sur le travail d'éditorialisation nécessaire à l'adaptation des contenus à tous les écrans.

Information: une ligne éditoriale précise pour chaque JT et l'idée d'un journal européen

Affirmant le rôle central de l'information pour le service public et l'importance des valeurs d'indépendance, de rigueur et de déontologie, M. Pflimlin a souligné que France Télévisions ne devait pas tomber dans le travers d'Internet et participer "à la course". "Il n'en est pas seulement de la crédibilité de nos rédactions mais de toute l'entreprise" a-t-il indiqué.

Il a insisté sur la nécessité que «cette information et les journaux circulent sur tous les écrans", précisant que cela impliquait de "bouger l'organisation des rédactions».

Il s'est aussi prononcé pour la définition d'une ligne éditoriale précise pour chacun des journaux télévisés et souhaiterait mettre à l'antenne un journal européen.

Organisation, management: renforcer l'identité des chaînes et déléguer

S'il n'entend pas revenir pas sur la réforme du groupe, transformé par la loi en entreprise unique, Rémy Pfimlin souhaite redonner aux chaînes une identité plus forte en attribuant des responsabilités éditoriales à des patrons de chaîne.

France 2
qui s'adresse à un citoyen et pas à un consommateur, doit fédérer, rassembler, marquer des rendez-vous importants. Elle doit aussi rajeunir son audience, actuellement de 55 ans, pour tomber à 45 ans.

France 3 et RFO doivent incarner la proximité, mais concernant la chaîne des régions, M. Pflimlin a évoqué à plusieurs reprises la nécessité d'une "redéfinition de la taille de la région de référence" et une "fédération des initiatives locales, voire même une syndication", sans apporter plus de précision sur ses intentions.

France 4 doit être tourné vers l'innovation, France 5 vers le savoir et le décryptage et France O doit développer et diffuser ses productions ultra marines.

Côté management, Rémy Pflimlin résume sa méthode en quelques principes: déléguer plutôt que centraliser et responsabiliser.

Il va devoir s'atteler à plusieurs gros dossiers dans un contexte relativement flou concernant la suppression totale de la publicité des écrans prévue fin 2011 et socialement délicat du fait de la réorganisation entamée dans le cadre de l'entreprise unique.

Les grands chantiers

Nouvelle convention collective et réduction des effectifs
La récente décision de la cour d"appel de Paris a donné aux partenaires sociaux et la direction jusqu"à février 2012 pour achever les discussions sur la nouvelle convention collective.

L"enjeu est de taille puisqu'il s"agit de négocier un texte unique pour l"ensemble des 10.733 salariés répartis, jusqu"à la réforme de 2009, dans quelques 49 sociétés du groupe. Or, les syndicats sont divisés. D"un côté la CGT était en passe de signer seule un accord partiel, dit de substitution, avec la direction sortante contre l'avis de l"intersyndicale CFDT, CGC, CFTC et SNJ (journalistes).

Autre sujet épineux : la réduction des effectifs. Conformément au contrat d"objectif et de moyens (COM), un plan de départs volontaires sans remplacement portant sur 900 salariés d"ici 2012 a d'ores-et déjà été lancé.

Poursuite de la mutation en entreprise unique

Inscrite dans la loi du 5 mars 2009, la fusion des chaînes et des 49 sociétés de France Télévision en une entreprise unique ne devrait pas être remise en cause.

Reste la mise en œuvre. La nouvelle organisation structurée notamment autour d"un guichet unique des unités de programme par genre (fictions, documentaires, magazines, divertissements, jeux…) suscite de nombreuses critiques notamment des producteurs et de la société d"auteur SACD qui plaident à l"inverse pour une organisation décentralisée, redonnant du leadership aux antennes.

Côté information, le spectre d"une fusion des rédactions de France 2 et France 3 plane toujours. La rédaction nationale de France 3 a d"ailleurs voté début juin une motion de défiance contre l"ancienne direction.

La question d"une plus grande autonomie se pose également pour les 24 antennes de proximité de France 3, qui rendent compte dans le schéma actuel, à 4 pôles de gouvernance.

Enfin, la mutation multimédia du groupe devra également être poursuivie et accélérée si France Télévisions veut optimiser ses développements dans le monde numérique.

Les ressources, la publicité et le devenir de la régie

Rémy Pflimlin ne s"en cache pas. Il est favorable à la suppression totale de la publicité. Depuis janvier 2009, elle a disparu des écrans de 20h00 à 6h00 et la loi prévoit qu"il en soit de même en journée fin 2011, lors de l'extinction de la diffusion de la télévision en analogique.

Mais cette mesure est loin de faire l"unanimité, y compris dans la majorité. Le chef de file des députés UMP Jean-François Copé a plaidé à plusieurs reprises pour son maintien compte tenu de l"état des finances publiques. Cela éviterait à l"Etat de verser le manque à gagner.

Le groupe a en effet engrangé 405 millions d'euros de recettes publicitaires entre 6h00 et 20h00 en 2009 - contre 260 millions d'euros prévus à l'origine dans son budget, une manne qui lui a permis de rééquilibrer ses comptes en 2009 avec trois ans d'avance sur son plan d'affaires, et à dégager un résultat net de 19,6 millions d'euros au lieu d'un déficit prévisionnel de 135,3 millions.

Courant septembre, un groupe de travail parlementaire doit rendre ses conclusions sur le sujet courant septembre. Puis le chef de l'Etat devra trancher et dire s"il renonce à sa décision initiale de suppression totale de la publicité, comme le demande les chaînes privées, ou son maintien en journée.

De son choix, dépendra l"avenir de la régie publicitaire du groupe. Car derrière le dossier de la publicité, se niche celui de la privatisation de France Télévisions Publicité.

Compte tenu du contexte incertain, l"ouverture d"une procédure de cession de la régie lancée en février dernier a été suspendue. Cette suspension pourrait être définitive ou au contraire, être relancée

Bio express

Rémy Pflimlin est le premier dirigeant de France Télévisions nommé par le chef de l'Etat en vertu de la réforme de l'audiovisuel public.

17 février 1954 : Naissance à Mulhouse

1978 : Diplômé d"HEC

1979 : Directeur de publicité à « Jour de France »

1985 : Directeur commercial du quotidien « Les Dernières Nouvelles d"Alsace »

1991 : Directeur général adjoint du quotidien « L"Alsace »

1993 : Présidence du directoire du quotidien « L"Alsace »

1999 : Directeur Générale de France 3. (Lancement sous son mandat notamment du feuilleton Plus belle la vie en 2003, l"un des fleurons en terme d"audience de la chaîne et de l"émission plus contestée: C"est Mon Choix)

2006 : Directeur général des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP), devenus Presstalis.

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