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La bio qui perce le mystère Steve Jobs

La seule biographie autorisée de Steve Jobs, décédé le 5 octobre d'un cancer du pancréas, sort mercredi. Elle s'intéresse à l'homme derrière le génie.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
A Taïwan, des clients font la queue pour acquérir la biographie officielle de Steve Jobs, parue le 24 octobre.  (AFP)

Plus de quarante entretiens avec l'intéressé, une centaine de proches interrogés, trois années de travail… Le pavé de plus de 600 pages de William Isaacson, sobrement intitulé Steve Jobs, sera disponible dès le mercredi 26 octobre dans les librairies françaises.

Cette biographie, la seule autorisée, ne devait sortir que début 2012. Elle révèle les zones d'ombre du fondateur d'Apple, décédé d'un cancer le 5 octobre. On connaît le génie, que sait-on de l'homme ? 

Sur Bill Gates : un voleur d'idées 

Steve Jobs a construit sa marque sur l'innovation. Du coup, rien ne l'agace plus que la spoliation, surtout lorsqu'elle est l'œuvre de son concurrent direct, Microsoft, et son PDG jusqu'en 2008, Bill Gates.

"Bill est fondamentalement sans imagination et n'a jamais rien inventé, c'est pourquoi à mon avis il est plus à l'aise maintenant dans la philanthropie que dans la technologie. Il a purement et simplement volé les idées des autres sans aucun remords."

Sur Google : la haine viscérale 

"En dehors du moteur de recherche, les produits de Google - Android, Google Docs - c'est de la merde", aurait confié Steve Jobs, hors de lui, à son biographe en 2010. La concurrence est rude entre les deux géants.

Au sujet d'Android , le système d'exploitation de Google que Jobs estime pompé sur iOS, il se fait justicier en col roulé : "Je vais détruire Android, parce que c'est un produit volé. Je suis prêt à aller jusqu'à la guerre thermonucléaire ", a-t-il confié au biographe. "J'y consacrerai jusqu'à mon dernier souffle s'il le faut, et je dépenserai chaque penny des 40 milliards de dollars de réserve d'Apple pour corriger ça".

Sur la maladie : priorité à la médecine douce 

Adepte des médecines douces, le PDG d'Apple a tenté toutes sortes de traitements alternatifs avant de se résoudre à la chirurgie. Lorsqu'il est opéré en 2004, neuf mois après le diagnostic de son cancer du pancréas, la maladie est déjà étendue.

Selon l'auteur de sa biographie, Walter Isaacson, cette stratégie hasardeuse, fruit de sa crainte d'être "ouvert", "violenté", a pu réduire son espérance de vie. Le visionnaire a eu peur de voir la réalité en face : "Je crois qu'il pensait en gros que si on ignore quelque chose, si on veut que cela n'existe pas, on peut (…) obtenir que cela se réalise par la seule pensée", estime Isaacson.

Dans une interview diffusée dimanche 23 octobre sur la chaîne américaine CBS, le biographe raconte comment Jobs essayait de traiter son cancer : "(…) avec un régime alimentaire, il va voir des spiritualistes, il essaie plusieurs méthodes avec la macrobiotique, et il ne se fait pas opérer".

Sur la biographie : un témoignage pour ses proches

Passé maître en l'art de communiquer, Steve Jobs n'a jamais autorisé quiconque à publier une biographie officielle. Pourtant, il prend contact dès 2004 avec Walter Isaacson. L'ancien rédacteur en chef de Time Magazine s'y connait en génies : il a déjà publié les biographies de Benjamin Franklin et Albert Einstein.

Si le patron d'Apple accepte si soudainement de se confier, c'est parce qu'il vient d'apprendre qu'il souffre d'un cancer du pancréas.

Steve Jobs se montre soucieux de s'expliquer, notamment vis-à-vis de ses quatre enfants : "Je n'ai pas toujours été là pour eux et je veux qu'ils sachent ce que j'ai fait et pourquoi je l'ai fait", a-t-il confié au biographe.

Dans son numéro du 17 octobre consacré à Steve Jobs, le New York Times évoque les derniers moment de la vie du fondateur d'Apple : "Le ton de sa voix était celui de quelqu'un qui tient à s'excuser. Il se sentait très mal de devoir nous quitter", se souvient sa sœur, Mona Simpson. 

Sur ses derniers projets : révolutionner la télévision

Presque ringardisée à l'heure d'internet, la télévision a constitué le dernier défi du visionnaire Jobs. Apple s'y est déjà frottée à plusieurs reprises, sans succès. Comme pour l'iPhone ou l'iPod, la télé selon Apple serait caractérisée par sa simplicité.

Jobs assurait avoir mis au point "l'interface la plus simple que l'on puisse imaginer", explique Isaacson. "J'aimerais créer un poste de télévision très simple à utiliser. Il serait synchronisé de manière complètement transparente avec tous vos appareils via iCloud", affirmait Jobs. 

Sur Barack Obama : pas de gants avec le président

Steve Jobs n'a de comptes à rendre à personne. Pas même au président des Etats-Unis. Les deux hommes se sont rencontrés à l'automne 2010, sauf que Jobs a bien failli snober le président, agacé qu'Obama n'ait pas décroché son téléphone pour l'inviter directement. "Vous êtes parti pour ne faire qu'un seul mandat", a lancé d'entrée de jeu le PDG d'Apple.

Conscient du poids de son soutien dans la campagne de 2008, Steve Jobs considère le Barack Obama comme son égal et fustige la politique américaine vis-à-vis des entreprises, pas assez libérale à son goût. Lui rêve d'un modèle à la chinoise, "sans régulations ni coûts inutiles", et le fait savoir sans complexes.

Dès leur première rencontre, Steve Jobs fait donc part au nouveau président américaine de ses critiques à l'égard de son administration. Dans la ligne de mire du PDG : le système éducatif américain. Selon lui, "tant qu'on n'aura pas brisé les reins des syndicats d'enseignants, il n'y a presque aucun espoir de réforme dans l'éducation"

Une bio "officielle" pour une icône documentée

Icône américaine, génie, visionnaire ; Steve Jobs fait l'objet d'une riche littérature avec pas moins d'une vingtaine d'ouvrages (lien en anglais).

Daniel Ichbiah a publié en avril 2011 Les 4 vies de Steve Jobs et s'arrête déjà sur sa personnalité complexe.

L'auteure Carmine Gallo s'est elle penchée en 2010 et 2011 sur Les secrets d'innovation de Steve Jobs et Les secrets de présentation de Steve Jobs, qui font le succès de l'empire à la pomme. 

Publié en 1984, The Little Kingdom retrace les balbutiements de l'épopée Apple sous la plume de Michael Moritz. Return to the Little Kingdom revient 25 ans plus tard, en 2009, sur la manière dont "Apple et Steve Jobs ont changé le monde".

Les mordus de la pomme pourront également se ruer sur iCon où Inside Steve's Brain (Dans le cerveau de Steve) afin de percer le mystère d'un homme admiré et controversé, étudié, décrié mais jamais vraiment compris.

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