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Intervieweur tenace, patron de radio et de télévision... Avec la mort de Jean-Pierre Elkabbach, une page du journalisme politique se referme

Présent dans le paysage audiovisuel français depuis les années 1960, le célèbre intervieweur avait notamment présidé la station Europe 1 et le groupe France Télévisions.
Article rédigé par Marion Bothorel - avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le journaliste politique Jean-Pierre Elkabbach photographié à Paris, le 22 février 2019. (THOMAS SAMSON / AFP)

Il aura marqué les médias français pendant plus d'un demi-siècle. Jean-Pierre Elkabbach est mort, mardi 3 octobre, à l'âge de 86 ans, a appris franceinfo auprès de son entourage, confirmant une information de Paris Match. Réputé pour la pugnacité de ses interviews, le journaliste politique a également été le patron de France Télévisions, de Public Sénat et d'Europe 1. 

Né à Oran, c'est en Algérie qu'il fait ses premières armes comme correspondant de la RTF dans sa ville natale. En 1961, il est nommé à Paris, où sa carrière décolle, avant d'atteindre des sommets dans les décennies suivantes. D'abord journaliste au sein de l'ORTF, il quitte la radio pour la télévision en 1970, où il présentera le journal de la Une puis de la Deux. 

De nombreux rebondissements dans sa carrière

Trois ans plus tard, il est nommé à la tête de l'information d'Antenne 2. Connu pour ses sympathies giscardiennes, il est évincé de la chaîne de télévision après la victoire de François Mitterrand, lors de la présidentielle de 1981. Un an plus tard, il arrive sur Europe 1, où il devient directeur d'antenne puis l'année suivante directeur général adjoint.

La décennie suivante, Jean-Pierre Elkabbach retourne sur le petit écran sur la Cinq, d'abord, puis à France 3. Il devient rapidement de PDG de France 2 et France 3. Le journaliste quittera son poste en 1996, après des révélations fâcheuses : il aurait signé des contrats de centaines de missions de francs aux animateurs et producteurs de France 2. 

Loin de mettre un terme à sa carrière pour autant, cette affaire le fait rebondir à Public Sénat, qu'il dirigera pendant neuf ans, et à Europe 1, dont il reprendra également les rênes. Sa fin de carrière le verra arriver sur CNews. Il est d'abord conseiller de Vincent Bolloré après avoir été évincé d'Europe 1 en 2017, après 29 ans au même poste. C'est sur la chaîne d'information du groupe Canal+ qu'il fait son grand retour derrière un micro, cinq ans plus tard, pour mener des interviews le week-end.

Ses interviews ont marqué l'histoire des médias

Au cours de sa longue carrière, le natif d'Oran a interviewé les personnalités les plus marquantes de ces cinquante dernières années. Outre tous les présidents de la République depuis Valéry Giscard d'Estaing, se sont notamment succédé à son micro Yasser Arafat, Mikhaïl Gorbatchev, Nelson Mandela, Fidel Castro, Bill Clinton, George Bush ou encore Vladimir Poutine.  

>> Cinq moments cultes de Jean-Pierre Elkabbach à la radio et à la télévision

Son interview la plus mémorable reste pourtant l'une de ses passes d'armes avec Georges Marchais."C'est extrêmement désagréable de discuter avec vous", lui avait singulièrement lancé le secrétaire général du Parti communiste français en pleines élections législatives de 1978. La très célèbre invective "taisez-vous Elkabbach !" n’a en revanche jamais été prononcée sur le plateau, mais popularisée par Thierry Le Luron.

Une autre de ses répliques était devenue culte. "Quelle couleur vous préférez pour le mur ?", avait-il lancé à André Vallini, sur Europe 1, pour entamer son interview, en 2015. Légèrement désarçonné, le secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale avait ensuite bafouillé, avant que "JPE" lui explique que "le mur" en question était celui sur lequel allait "se fracasser" sa réforme, selon lui.

Fin 2022, Jean-Pierre Elkabbach avait publié ses mémoires dans un ouvrage, Les Rives de la mémoire, où il revenait sur son enfance, son parcours et ses nombreuses rencontres. "Ce livre n'est pas mon testament, mais je veux laisser une trace", déclarait-il alors. Son dernier tweet, publié sur le réseau social X le 19 août, rendait hommage à son "Ami", le Général Jean-Louis Georgelin. 

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