Europe : du temps pour la réflexion
Une semaine après le "non" irlandais, les 27 ont débuté leurs travaux dans l'unanimité en donnant formellement leur feu vert à l'entrée de la Slovaquie dans la zone euro en 2009. Une belle unité de façade après l'ouverture "plombée " du sommet et les divisions engendrées par le rejet du traité de Lisbonne par l'Irlande. Les dirigeants européens sont entrés dans le vif du sujet lors du dîner, après avoir entendu le Premier ministre irlandais Brian Cowen, qui leur a demandé un peu de temps pour sortir de la crise.
"Il est beaucoup trop tôt pour présenter des solutions possibles", a expliqué Brian Cowen. Son ministre des Affaires étrangères Micheal Martin a été encore plus clair en douchant les espoirs de ceux qui espéraient que le prochain Conseil européen prévu mi-octobre verrait Dublin arriver avec des propositions concrètes de sortie de crise : "Nous apporterons un rapport d'étape, mais nous ne pensons pas qu'il y aura des solutions sur la table".
La totalité des dirigeants européens est disposée à accorder le temps de la réflexion à l'Irlande, même si beaucoup, comme la chancelère allemande Angela Merkel ou son homologue espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, insistent pour qu'elle soit de courte durée, afin d'éviter une mort lente du texte, comme en 2005 avec la Constitution européenne après son rejet dans les urnes par les Français et Néerlandais. D'autres appellent à ne pas brusquer les étapes, comme le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt ou le chef de la diplomatie britannique David Miliband, qui ont refusé l'idée d'imposer à l'Irlande un calendrier précis de sortie de crise.
L'espoir de la plupart des dirigeants européens (et de la France, qui prendra dans 10 jours la présidence tournante de l'UE pour les six prochains mois) reste que Dublin puisse à terme organiser un nouveau référendum, quitte à aménager un peu le traité pour ce pays. Et pour cela, ils comptent sur la pression des pairs. Les Etats n'ayant pas ratifié le texte ne sont plus que huit sur 27 après la ratification de la Grande-Bretagne officialisée, juste avant le sommet, par la signature de la reine Elizabeth.
Dans l'immédiat, les dirigeants européens sont unanimes après la "gifle" irlandaise à vouloir montrer que l'Europe est utile et ne s'arrête pas avec le rejet irlandais. Beaucoup affichent leur volontarisme pour agir face à la hausse des prix de l'énergie, une question au centre des débats du sommet, alors que la grogne des pêcheurs, transporteurs routiers et paysans ne faiblit pas. L'UE a aussi décidé de lever définitivement les sanctions contre le régime cubain, pour encourager les premiers pas de Raul Castro sur le chemin de l'"après Fidel".
Anne Jocteur Monrozier
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