Crise : le scénario noir du FMI
Si les paramètres détaillés dans les prévisions semestrielles de croissance du Fonds monétaire international (FMI) étaient appliqués au fameux jeu de simulation de construction d'une cité virtuelle Sim City, nul doute que la partie serait très mal engagée. Point par point, l'institution a détaillé les fractures et les faiblesses de l'économie mondiale. Et elle sonne le tocsin : si la situation n'est pas vigoureusement reprise en main, elle prévoit un scénario noir, avec récession à la clé. Du coup, le FMI revoit à la baisse ses prévisions de croissance, taclant au passage les politiques de rigueurs, choisies par plusieurs gouvernements, dont la France.
La croissance mondiale, pour commencer, est revue à 4% en 2011 et 2012 au lieu des 4,3% pour 2011 et 4,5% pour 2012 anticipés il y a trois mois. Le monde entier est concerné, et la tendance reste à la baisse pour les prochaines prévisions, prévient le FMI.
Le FMI tacle la rigueur
Les Etats-Unis et la zone euro concentrent toutes les inquiétudes, la première touchée par une crise de la dette galopante et les seconds affligés d'une économie “groggy”. Le Japon est aussi invité à faire plus pour réduire son déficit.
_ Pour la zone euro, le FMI ne voit plus qu'une croissance de 1,6 en 2011 et 1,1% en 2012; pour les USA, 1,5% et 1,8% (contre 2,5% et 2,7% projetés en juin).
La France n'est bien-sûr pas oubliée dans ce sombre tableau. Son PIB ne croitrait que de 1,7% en 2011 et 1,4% en 2012 (2,1% cette année et 1,9% prévus en juin dernier). L'institution dirigée par l'ancienne locataire de Bercy tacle les déficits publics élevés, les perspectives de production faibles, la tension sur les marchés. Des critiques qui ne sont pas valables que pour la France, tout comme l'avertissement adressé aux tenants des politiques de rigueur. Le FMI estime que des coupes hâtives dans les budgets risquent d'affaiblir un peu plus la croissance.
La BCE doit-elle baisser ses taux d'intérêt ?
Par effet de contagion, celle des pays émergents est aussi revue à la baisse, tout en restant forte en Asie : ainsi la Chine passe-t-elle d'une prévision de 9,5% en 2011 et de 9,0% en 2012. Il prévoyait en juin 9,6% et 9,5% respectivement.
Pour tenter de faire baisser la température, le FMI exhorte la Banque centrale européenne (BCE) à baisser les taux d'intérêt si les risques pour la croissance persistent et appelle les pays de la zone euro à faire tout le nécessaire pour préserver l'euro.
Si la situation ne se redresse pas, le Fonds entrevoit une récession pour les pays occidentaux dès l'an prochain. La crise de la dette pourrait quant à elle contaminer le monde entier. Un scénario pour l'instant peu probable, tempère le FMI, mais sérieusement examiné.
Grégoire Lecalot, avec agences
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