Copenhague à travers les médias internationaux
Un accord bancal qui n'en est pas vraiment un, des réunions mal organisées perturbées par des soucis techniques, une démotivation générale qui laisse perplexe... Aucun consensus clair n'a été trouvé à Copenhague. Les médias, eux, sont d'accord sur un point: le COP 15 est un fiasco quasi intégral.
Ce samedi après-midi, l'info fait la Une de la plupart des sites.
La Chine refuse la responsabilité de l'échec
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Accusée d'avoir freiné, voire bloqué, certaines négociations en menaçant de claquer la porte, la Chine refuse d'endosser la responsabilité de l'échec. Le quotidien China Daily assure que Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, s'est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le pays est en effet le premier émetteur (en valeur absolue) de CO² dans le monde.
Mais les médias occidentaux sont formels: la Chine n'a rien fait pour faciliter les débats. Le New York Times révèle ainsi que des réunions informelles se sont tenues entre la Chine et quelques autres pays, désireux d'éviter toute confrontation avec Barack Obama. Mais le président américain ne s'est pas laissé berner et a finalement assisté à ces discussions.
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En Inde, autre pays (avec les Etats-Unis, la Chine, le Brésil et l'Afrique du Sud) à avoir rédigé le texte, on plaide non-coupable. Le site Samachar.com prend la défense du Premier ministre indien, Manmohan Singh, qui avait déclaré à Copenhague que son pays était surtout attaché au protocole de Kyoto.
Le site regrette toutefois que les pays émergents n'aient pas réussi à parler d'une même voix. Ainsi, la Bolivie, le Vénézuéla ou encore le Soudan bloquaient, ce matin encore, la possibilité de signer un accord consensuel.
En Europe
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Côté européen, le Guardian (quotidien britannique) choisit de reprendre les déclarations de Lumumba Di-Aping, le porte-parole soudanais du G77 (un groupe qui représente 130 pays en développement auprès de l'ONU): "Cet accord va conduire une dévastation terrible de l'Afrique et des archipels. Il a la plus basse ambition que l'on pouvait imaginer". Très déçu, le représentant s'en prend directement au président américain:"Obama a fait disparaître toute différence entre George W. Bush et lui".
Et l'article de rappeler qu'il a fallu huit brouillons pour parvenir à un accord long de moins de trois pages.
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Pour illustrer le fiasco, la Frankurter Allgemeine Zeitung choisit elle une photo plutôt cocasse: des négociateurs endormis sur leurs chaises au cours de la nuit, alors que les débats étaient en cours.
Aux Etats-Unis
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Le New York Times publie une longue synthèse du sommet. Le titre est un bel euphémisme: "De nombreux objectifs n'ont pas été atteints". Mais le fond de l'article est, lui, plus virulent.
Alors que Barack Obama parle de "progrès sans précédent", le NYT relève: "Le compromis bâclé reflète l'aspect chaotique de la conférence, une conférence que les participants ont globalement trouvée mal organisée". Le quotidien note d'ailleurs sur son site que le président américain avait les yeux "rougis par la fatigue" sur le chemin du retour vers l'aéroport.
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Au Washington Post, la déception est aussi palpable. Pour illustrer l'échec global de la conférence, le journal insiste sur une dimension peu relatée par les médias lors des dernières semaines: la déforestation, et notamment celle qui guette les forêts tropicales. Là aussi, le constat est désolant: aucun accord trouvé pour y mettre un frein.
Le quotidien publie les propos arides de Kevin Conrad, le directeur exécutif de la Coalition pour les forêts tropicales (qui regroupe une quarantaine de pays), visiblement désemparé: "C'est déprimant, explique-t-il. Cela veut dire qu'on va passer une année entière (...) à faire des réunions et dire les mêmes choses".
En France
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Dans l'Hexagone, les médias se font surtout l'écho des associations écologiques, comme c'est le cas du Figaro qui dresse un inventaire des réactions: entre colère et désabusement, il reste peu de place à l'espoir. Visiblement, les déclarations de Nicolas Sarkozy, pour qui l'accord est "positif" même s'il n'est "pas parfait", n'ont pas rassuré.
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Le site Mediapart qui a suivi en direct les négociations, met en lumière les dysfonctionnements, notamment techniques, qui ont brouillé les discussions.
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Quant à France24, la chaîne d'info internationale francophone, elle tente d'expliquer la relative nonchalance de Barack Obama lors de ce sommet, reparti au bout de quelques heures seulement à cause d'une tempête de neige qui menaçait Washington. Principales raisons invoquées par le journaliste: le chômage en hausse et le vote du système de couverture santé, qui monopoliseraient l'esprit du président américain.
Ariane Nicolas
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