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Vidéo "Quand on fait du dessin satirique, on est peut-être plus pessimiste que la moyenne", estime Riss, le directeur de publication de Charlie Hebdo

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Article rédigé par franceinfo
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Riss, dessinateur et directeur de publication de Charlie Hebdo, s'exprime jeudi sur France Inter à l'occasion de la publication d'un livre, ''Charlie Hebdo, 50 ans de liberté d'expression''.

"Quand on fait du dessin satirique, on est peut-être plus pessimiste que la moyenne", estime jeudi 1er octobre sur France Inter, Riss, dessinateur et directeur de la publication de Charlie Hebdo, à l'occasion de la publication d'un livre, Charlie Hebdo, 50 ans de liberté d'expression. Le livre retrace la vie du journal satirique, depuis de Gaulle, jusqu'à aujourd'hui. "L'acte de naissance de Charlie Hebdo, c'est un acte de censure", rappelle Riss. "C'est vrai que cela a un peu marqué au fer rouge toute l'histoire de Charlie Hebdo : comment faire un journal libre, poursuit le directeur de la publication. Libre, pas seulement par rapport aux pouvoirs politiques, mais aussi aux modes, aux tendances, comment garder son indépendance, comment être libre comme journal et comme citoyen. Comment faire en sorte que le lecteur, le citoyen, le journaliste, le dessinateur soit le plus libre possible dans sa manière de penser."

''Il y a toujours un peu des tabous''

En 50 ans, Charlie Hebdo a parfois blessé ou choqué. "L'humour noir, c'est souvent mal interprété. Il y a toujours un peu des tabous, comme la mort, c'est quelque chose qui glace un peu les gens, le sexe, ça refroidit un peu, il ne faut pas faire des dessins sur les enfants...", estime Riss.  "Chacun d'entre nous, indique Riss, on a un peu notre notre ligne rouge, et le lecteur voudrait qu'on respecte chacune des lignes rouges de chacun des lecteurs, qui sont autant de lignes rouges qu'il y a de lecteurs. On ne peut pas trouver la formule magique qui fait que l'on heurtera jamais personne.''

A partir du moment où l'on prend la parole, où l'on fait un dessin, évidemment, on prend le risque de heurter quelqu'un, que ce soit en France ou dans le monde. On ne peut pas être consensuel, ce n'est pas possible.

Riss

à France Inter

Ce livre retrace sur plus de 300 pages l'histoire de l'hebdomadaire satirique et permet aussi de suivre son évolution dans le temps. "Les angoisses du journal ont été multiples. Il y a beaucoup de choses qui nous préoccupent. La question de l'urgence écologique, dans les années 1990 c'était la montée du Front National", résume Riss. 

Sublimer le pessimisme par le rire

"C'est vrai que quand on fait du dessin satirique, poursuit le dessinateur, je ne sais pas si on est plus lucide, mais on est peut être, au fond, plus pessimiste que la moyenne. Par le rire, on essaie un peu de sublimer ce pessimisme, le communiquer en essayant de rendre les gens un petit peu optimistes. On a vu apparaitre tout doucement, on dit l'islamisme, mais on a vu réapparaitre les religions, on va dire.''

Dans les années 1990, on était sans arrêt harcelés par les catholiques intégristes. Cela pouvait sembler marginal, mais c'était déja un peu un avant goût de ce qui peut être allait arriver, les religions veulent tout doucement reprendre la place qu'elles avaient peut être perdu au XXe siècle.

Riss

à France Inter

Interrogé sur la "Cancel culture", le dessinateur juge le mouvement "inquiétant". "La censure se régénère, se réinvente à chaque chaque génération, constate Riss. Il y a 1 000 formes de censure. Ce qui est etonnant, c'est que des citoyens, qui plus est des étudiants, qui ont accès à la culture, deviennent un peu des censeurs. Aujourd'hui tout devient très vite scandaleux, tout doit être, je ne vais pas dire censuré, mais très vite, éteint, étouffé. C'est de l'intimidation, il y a vraiment une violence morale, psychologique, politique. C'est un peu une forme de néo-stalinisme, il y a des mini-procès staliniens qui sont déclenchés, dans des démocraties."

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