Attentats de 2015 : le procès, "je l'attendais et maintenant je le redoute", témoigne Maryse Wolinski, la veuve du dessinateur Georges Wolinski
Maryse Wolinski aimerait qu'on parle de "l'après", "des conséquences, de la violence de l'attentat sur les familles, sur ceux qui restent".
"Je l'attendais et maintenant je le redoute. Cela va vraiment être une épreuve", a confié mercredi 2 septembre sur franceinfo Maryse Wolinski, veuve du dessinateur français Georges Wolinski, à propos du procès des attentats de janvier 2015 qui s'ouvre le même jour à Paris. Georges Wolinski est l'un des douze victimes de l'attaque du journal Charlie Hebdo le 7 janvier.
franceinfo : Comment appréhendez-vous ce procès ?
Maryse Wolinski : Je l'attendais et maintenant je le redoute. Jusqu'à la semaine dernière j'étais très sereine, j'essayais de ne pas y penser et l'anxiété est montée à partir du moment où les médias s'en sont accaparés. J'ai une sorte d'anxiété qui me rappelle celle de mon mari en décembre 2014 et cela m'inquiète. Il va encore y avoir des récits sur ce qui s'est passé, sur cette scène de guerre alors que j'aimerais que dans ce procès on parle des conséquences, de la violence de l'attentat sur les familles, sur ceux qui restent. L'après, on n'en a pas du tout parlé.
Dans votre livre, "Au risque de la vie", vous parlez notamment de Chérif Kouachi, l'un des auteurs des attentats de 2015. Que ressentez-vous pour lui ?
Derrière les complices, c'est Chérif Kouachi que je vois. Lorsque j'ai fait l'enquête pour mon premier récit, je me suis aperçue que c'était le tueur. Saïd, son frère aîné, à un problème aux yeux et il a des problèmes pulmonaires. Donc Chérif ne pouvait être que le tueur. À force de travailler sur des photos de Chérif, sur son parcours, sur sa vie, il s'est incrusté en moi, il m'étouffait.
Je n'ai pas de haine, ni de mépris, parce que ce sont de petits personnages sans intérêt.
Maryse Wolinski, veuve du dessinateur Georges Wolinskià franceinfo
Êtes-vous toujours en colère aujourd'hui contre ceux qui ont décidé par exemple qu'il ne fallait plus surveiller les locaux de Charlie Hebdo ?
La colère pourrait partir si on avait des informations. Il faut arrêter l'omerta, l'occultation de cette vérité. Il y a eu des dysfonctionnements et je veux savoir pourquoi.
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