Caution ou garantie, l'entrée du blogueur Slim Amamou au gouvernement ?
"Si mon travail doit empiéter sur ma liberté d'expression, je démissionne", nous a dit mardi au téléphone le tout nouveau secrétaire d'Etat à la jeunesse et aux sports, débordé par les demandes d'interviews.
Il ignore encore par quoi il commencera : "Non je n'ai pas encore pris mes fonctions." (qu'il a pris dans l'après-midi).
Emprisonné quelques jours, le blogueur Slim Amamou était devenu la figure emblématique de la censure en Tunisie. Arrêté le 6 janvier il avait été libéré une semaine plus tard, juste après le discours du président Ben Ali annonçant la levée complète de la censure des sites Internet. Jeudi 13 janvier au soir, il annonçait sur Twitter : "je suis libre". Et lundi 17 janvier :"Je suis secrétaire d'état a la Jeunesse et aux sports :)".
"On m'a fait croire qu'ils avaient fait du mal à ma famille et à mes amis"
Quel est le pire souvenir qu'il garde de ces journées passées en prison, la semaine dernière ? "Les interrogatoires. On m'a fait croire qu'ils avaient fait du mal à ma famille et à mes amis".
"J'apprécie d'être sous la surveillance des internautes"
Il sait que ses amis vont le suivre de près :lui a adressé sur Twitter ce message aussi chaleureux qu'attentif : "Nawaat félicite Slim Amamou. On l'a à l'oeil, particulièrement à l'oeil." Qu'en pense-t-il ? "J'apprécie d'être sous surveillance". Lui qui connaît aussi bien la censure que les moyens de la contourner "reste convaincu que la censure est la pire des choses".
Le blogueur veut "participer à la reconstruction"
Dans un entretien lundi à la chaîne française Public Sénat, le blogueur a fait part de sa "très grande surprise" d'avoir intégré le nouveau gouvernement, expliquant que la proposition d'y entrer lui avait été faite "peu avant l'annonce officielle". "J'ai dû prendre la décision en quelques minutes", raconte-t-il.
Pourquoi a-t-il accepté de participer à ce gouvernement qui comporte six ministres de Ben Ali ? "Parce que c'est mon devoir, parce que je veux (...) participer à la reconstruction du pays. C'est une excellente opportunité. Je crois au dialogue".
"Au sujet des anciens ministres de Ben Ali, il n'y a pas vraiment de choix, il faut être réaliste quand même", explique-t-il. "Si vous voulez des gens qui ont du métier et savent ce qu'ils font, il faut faire appel à ces personnes", poursuit Slim Amamou.
"Le net a contribué à faire tomber le gouvernement"
Selon lui, internet a été déterminant dans cette révolte et dans la rapidité des évènements. "La plus grande masse des Tunisiens sont sur Facebook. Ils ont permis de lancer des appels à manifester, à protester (...) Sans le net, les gens ne se seraient pas informés, ne se seraient pas mobilisés, et n'auraient pas fait tomber ce gouvernement." Slim Amamou se présente sur son blog, comme partisan de la neutralité du Net et directeur d'une petite société, Alixsys.
>> Lire aussi sur France 2.fr
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>> Sur le web :
De la case prison au gouvernement tunisien : interview du blogueur Slim Amamou (Public Sénat)
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