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25ème sommet Afrique-France : un nouveau départ ?

Le 25ème sommet Afrique-France rassemble 38 dirigeants africains à Nice. Cinquante ans après "l'année des indépendances", les participants jurent vouloir en finir définitivement avec les relations tronquées et les réseaux issus de la décolonisation. Mais la politique africaine de l'Elysée reste marquée du sceau de l'ambigüité.
Article rédigé par franceinfo
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Ce 25ème sommet Afrique-France, et non plus France-Afrique, trop connoté, est affiché comme le sommet du “renouveau”. Nicolas Sarkozy, dont c'est le premier sommet du genre, a plusieurs fois affirmé sa volonté de sortir des vieux réseaux “françafricains”. Mais l'ambigüité est loin d'être levée, car la France est loin de joindre les actes à la parole. Exemple récent au Tchad, en 2008, où elle a militairement montré les dents pour permettre au régime d'Idriss Deby Itno de faire face à une offensive de rebelles. Une attitude en parfaite contradiction avec les résolutions du sommet de La Baule, en 1990, la France conditionnait son aide aux progrès démocratiques des Etats africains.

Après cet épisode, et le mauvais signal du discours de Dakar, le chef de l'Etat s'est quelque peu rattrapé au Cap, en 2008, où il annonçait la renégociation des accords de défense avec les pays africains et le transfert du maintient de la paix aux Africains eux-même en 2012. Mais une fois encore, les actes viennent brouiller le message. Le rôle peu clair joué par Omar Bongo dans l'éviction de Jean-Marie Bockel, ex-secrétaire d'Etat à la coopération un peu trop “rénovateur”, justement, et le départ discret du “Monsieur Afrique” de l'Elysée, Bruno Joubert, en septembre dernier, semblent sonner le retour en grâce de la gestion “à la papa”. Le voyage pan-africain, là aussi très discret, du successeur d'Alain Joyandet, successeur de Jean-Marie Bockel, pour soutenir la candidature d'Ali Bongo, fils d'Omar, au Gabon, montre aussi que la France n'a pas renoncé à ses vieilles habitudes.

OPERATION SEDUCTION VERS L'AFRIQUE ANGLOPHONE

“Celui qui n'aurait pas deux fers au feu dans le monde où nous vivons serait bien imprudent”, commentait Alain Joyandet. Mais y en a-t-il encore deux ? Depuis l'affaiblissement des “rénovateurs”, Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, est monté en puissance dans la gestion de la politique africaine. De nombreux analystes, chercheurs, diplomates, affirment que Nicolas Sarkozy, peu intéressé par l'Afrique, contrairement à ses prédécesseurs, laisse la main à Claude Guéant, qui lui, est “amusé” par le continent, selon l'expression d'un diplomate, cité par Le Monde. Dans son ombre grenouille l'avocat Robert Bourgi, qui se présente comme l'héritier de Jacques Foccart et revendique les réseaux “françafricains”. Entre vantardise et réalité, il est souvent difficile de trier dans ce milieu trouble.

Dans ce contexte, le véritable renouveau de ce 25ème sommet pourrait être l'opération séduction entamée par la France à destination de l'Afrique anglophone. Nicolas Sarkozy déjeunera en tête à tête avec président sud-africain, Jacob Zuma, et verra en apparté son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, à la tête du pays le plus peuplé du continent. Car quelque-soit la persistance ou non des réseaux troubles de la France en Afrique, elle n'a plus son envergure gaullienne. La Chine, les Etats-Unis ou le Brésil battent en brêche son influence et la forcent à chercher d'autres partenaires.

SIEGE AFRICAIN A L'ONU

Le débat autour de la représentation de l'Afrique au conseil de sécurité de l'ONU pèsera lourd. Un échange “fraternel”, mais “agité”, selon Bernard Kouchner, une discussion parfois “très dure” , selon des diplomates africains a déjà eu lieu avant l'ouverture du sommet à ce propos. Les pays africains réclament deux sièges avec droit de veto et au moins deux sièges non permanents. La France plaide pour un siège avec droit de veto, mais certains, comme les Sud-Africains, lui contestent toute légitimité à conduire ce débat. Les temps changent tout de même.

Grégoire Lecalot, avec agences

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