Mariage à l'italienne pour Air France
C'est un petit chapeau que Silvio Berlusconi doit avaler, mais accompagné d'une belle rallonge, il devrait être plus digeste.
Au printemps 2008, alors que la campagne législative battait son plein en Italie, le parti du Cavaliere avait contribué à l'échec de la tentative de rachat d'Alitalia par Air France-KLM. Un combat mené tous oriflammes au vent, au nom de “l'italianité”, tant il est vrai que les réflexes nationaux sont encore vivaces quand il s'agit des compagnies aériennes.
Les syndicats d'Alitalia ont fait le reste, finissant par effaroucher Air France.
Mais la compagnie italienne a largement franchi le bord du gouffre financier. Un consortium d'industriels transalpins, cornaqués par Silvio Berlusconi, la CAI, a renfloué les caisses pour redonner un peu d'allure à la belle. Une “nouvelle” Alitalia doit donc être lancée demain. Mais pour viabiliser définitivement l'entreprise, il fallait faire entrer un partenaire aux reins solides au tour de table.
Et le marché italien est un morceau de choix. Quatrième d'Europe, il génère un trafic important tant sur le nord industriel que sur les villes touristiques, Rome et Naples au premier rang.
_ Air France-KLM, loin d'être échaudée, s'est donc remis sur les rangs, mais le Cavaliere lui aurait préféré l'Allemande Lufthansa.
Mais les conditions sont bien différentes. L'an dernier, il s'agissait d'un rachat. Cette fois, il ne s'agit que d'une prise de participation minoritaire. Lufthansa aurait-elle préféré plus ? Toujours est-il qu'elle n'a pas fait d'offre, se contentant de proposer à la nouvelle Alitalia de coopérer avec son réseau, Star Alliance. Lufthansa préfère en fait rester bien ancrée sur l'aéroport de Milan, au nord de l'Italie, là où le trafic est le plus dense, alors que les vols internationaux de la nouvelle Alitalia partiront de Rome.
Air France restait donc seule en lice. Mais elle n'aura pas eu la partie facile pour autant. Au lieu des 250 millions d'euros initialement prévus, Air France-KLM pourrait devoir en débourser 300. Encore ne sera-t-elle pas dans son jardin, puisque pour ce prix, elle aura 25% du capital. Le titre a d'ailleurs perdu deux points après l'annonce. Mais après tout, Rome ne s'est pas faite en un jour.
Grégoire Lecalot, avec agences
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