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"Les stress tests ? Des instruments de communication"

Les banques européennes ont passé l'épreuve haut-la-main vendredi dernier. Soumises aux fameux stress tests, c'est-à-dire une simulation de crise grandeur nature, seules sept ont été recalées sur 91. _ Beau score... que minimisent pourtant certains économistes, comme Philippe Dessertine, professeur de finances à Paris-Nanterre et directeur de l'Institut de Haute Finance. Pour lui, "{ces stress tests ne sont que des instruments de communication}".
Article rédigé par franceinfo
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Qu'est-ce que ces stress tests ?
Il s'agissait de tester la résistance des banques face à l'hypothèse de scénarios financiers catastrophes, comme une chute des marchés de 20% deux ans de suite, soit une crise encore plus sévère que la faillite de Lehman Brother.
_ On a donc mesuré la casse dans chaque banque, à la manière des crash tests appliqués aux voitures, c'est à dire calculé les pertes de chacune dans ses portefeuilles de crédit. Pour appliquer ensuite un calcul savant : les pertes ont été déduites des fonds propres, afin d'établir un ratio de solvabilité, appelé ratio Tier One. Les banques remportaient la mise en obtenant un ratio d'au moins 6%. Sept donc ont échoué.

Pourquoi ces stress tests sont-ils importants ?

Selon Philippe Dessertine, les grands Etats riches aujourd'hui ne seraient plus capables de soutenir leurs systèmes bancaires. Les banques devraient donc compter sur leurs fonds propres pour se sortir d'une crise majeure. Ces stress tests, tels que conçus au départ, sont donc le seul moyen de tester leur résistance et d'anticiper leur défaillance.

Pourquoi alors laissent-ils les économistes si sceptiques ?

Le directeur de l'Institut de Haute Finance estime que le pire scénario n'a pas été retenu. À dessein ! Car il aurait mis au jour les fragilités de certaines grandes banques et créé la panique, sur des marchés aujourd'hui extrêmement volatiles.
_ Ce véritable mais plausible cataclysme financier serait le défaut de paiement pur et simple d'un pays. Scénario oublié. Un seul but : rassurer !

Philippe Dessertine déplore aussi un manque de transparence, pendant la procédure de ces stress tests. Une réserve que partage le FMI. Chaque banque s'est en effet auto-notée, et a livré ses résultats à la banque centrale nationale, qui elle a transmis à la BCE. Or on soupçonne certains États d'avoir chercher à sauver la face. La banque centrale espagnole notamment aurait semble-t-il permis à ses banques de comptabiliser les aides du fonds de secours espagnol dans leurs capitaux propres...

Cécile Quéguiner avec agences

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