Les éleveurs ont entamé leur "grève du lait"
Dans le Grand Ouest (Normandie, Bretagne, Pays de Loire) et le Nord - régions qui concentrent 60% de la production de lait française - la grève était suivie par 25 à 30% des producteurs de lait, si l'on en croit les chiffres de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli).
Pour la FNSEA, premier syndicat agricole français - opposé à ce mouvement, cette grève est cependant "peu suivie", que ce soit en France comme en Europe. Et elle "n'infléchira pas les positions de l'Union européenne" sur la suppression des quotas, poursuit le syndicat.
Partisane d'"opérations pacifiques", l'Apli a organisé des distributions gratuites de lait et des destructions de production dans des fosses à lisiers, tandis que la Confédération paysanne interceptait des camions de collecte. Et les actions vont se poursuivre tout au long du week-end. Un bilan sera dressé lundi.
Dans l'Ain, une cinquantaine de membres de l'Apli ont ouvert les vannes des tanks à lait. Des distributions gratuites ont été organisées sur des marchés, comme à Vire (Calvados) ou Avesnes-sur-Helpe (Nord). A Toulouse, place du Capitole, une vingtaine de producteurs de l'Apli ont distribué 1.300 litres de lait ce matin, en demandant aux passants 25 centimes par litre, le prix de la bouteille et du bouchon.
En grève, de gré ou de force
Partisane de la manière forte, la Confédération paysanne a décidé d'associer toute la profession au mouvement, de gré ou de force. Des militants ont ainsi bloqué des camions de collecte dans le Rhône et la Loire, avec une vingtaine d'interceptions de véhicules appartenant aux industriels Sodiaal et Lactalis, ainsi qu'à l'Union régionale des coopératives laitières. Avec ce "blocage général de toute la collecte, tous les producteurs sont concernés", a expliqué le porte-parole de la Confédération paysanne en Bretagne.
Selon l'Apli, la grève est également suivie dans d'autres pays européens comme l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et l'Italie. En Belgique, des dizaines de producteurs laitiers ont déversé des citernes de lait sur une autoroute et devant l'hôtel de ville de Charleroi.
L'Apli avait appelé hier à une grève européenne pour dénoncer l'effondrement du prix du lait et la dérégulation du marché décidée par Bruxelles.
_ Les éleveurs réclament un prix minimum compris entre 350 et 400 euros les 1.000 litres, alors qu'on leur en offre 260 à 280 euros actuellement en France.
Gilles Halais, avec agences
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