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Médicaments à prix cassés : "Leclerc fait de la manipulation d'opinion"

Le patron de la chaîne de grande distribution veut vendre des médicaments 25 à 30% moins chers que les pharmacies. Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), lui répond. 

Article rédigé par Fabien Magnenou - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une parapharmacie dans un centre Leclerc, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), en avril 2008. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Leclerc relance sa bataille contre les pharmacies. Le distributeur souhaite vendre des médicaments non remboursés, dits OTC, dans ses supermarchés. Les médicaments en question sont ceux que l'on trouve d'ores et déjà en accès direct aux comptoirs des pharmacies classiques, et leur liste est régulièrement mise à jour sur le site de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Objectif de Michel-Edouard Leclerc ? Pratiquer des prix inférieurs de 25% à 30% par rapport aux officines. "Aujourd'hui(...), il y a un écart de un à deux dans le prix des produits de pharmacie. Donc, on va essayer de mettre un peu de concurrence dans ce secteur", a-t-il expliqué sur Canal+, lundi 4 février. Pour vendre de la parapharmacie, "nous avons des pharmaciens (...), explique-t-il. A partir du moment où ils sont chez nous, nous ambitionnons de vendre des médicaments, notamment les médicaments qui ne sont plus remboursés, qui ne sont plus remboursables." 

Contacté par francetv info, Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ne croit pas aux promesses de l'enseigne de grande distribution.

Francetv info : Michel-Edouard Leclerc reproche aux pharmacies de ne pas faire jouer suffisamment la concurrence. Est-ce justifié ? 

Gilles Bonnefond : C'est de la manipulation d'opinion ! Leclerc dit qu'il y a des écarts de prix de un à deux selon les officines, et dit en même temps qu'il n'y a pas de concurrence. Prenez le Nurofen. Il se vend entre 2 et 3,50 euros selon les pharmacies. De façon générale, les prix de ces médicaments OTC sont restés stables depuis deux à trois ans, alors même que les laboratoires augmentent leurs prix. 

Craignez-vous de ne plus être compétitifs et de perdre des clients ?

Au Portugal, ses magasins peuvent déjà vendre certains produits, comme du lait pour nourrisson. Dans un premier temps, les grandes surfaces Leclerc ont fait un effet d'annonce, puis ont recollé au prix du marché. En moyenne, au Portugal, les prix pratiqués par Leclerc sur les médicaments OTC sont inférieurs de 2 à 3 % à ceux des pharmacies, bien loin des 25 % annoncés. 

Pour le consommateur, c'est déjà ça...

Mais ce n'est pas conforme à ses promesses. D'ailleurs, Leclerc pratique des marges au-dessus de 25% sur ses activités, les nôtres sont plutôt de l'ordre de 20 à 21%. Il ne respectera jamais l'objectif de baisser les prix de 25% à 30%, car il serait lors quasiment à perte. 

Pourquoi se lancerait-il alors sur ce marché ? 

Tout ce que veut Leclerc, c'est récupérer de nouvelles activités pour faire progresser son chiffre d'affaires. Dans sa stratégie de consommation, il faut toujours plus de volume, en remplissant au-delà du raisonnable les caddies des clients. Qu'on aille voir ses marges sur le panier de la ménagère ! Le dimanche, lui, il est n'est pas ouvert. Nous, nous avons des pharmacies de garde. Une éventuelle ouverture à la vente ne présente aucun intérêt pour la population, et ne rend aucun service aux patients. On n'utilise pas comme cela la santé des gens.

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