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Le tribunal correctionnel de Paris a annoncé qu'il convoquait mardi prochain Daniel Bouton

Daniel Bouton, qui a démissionné de ses fonctions au sein de la banque en avril 2009 pour être remplacé par Frédéric Oudéa, avait dit début juin qu'il ne viendrait témoigner que si le tribunal le lui demandait.Jérôme Kerviel est jugé pour avoir causé une perte de 4,9 milliards d'euros début 2008.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Daniel Bouton  à Paris, le 7 mai 2010. (AFP - Eric Piermont)

Daniel Bouton, qui a démissionné de ses fonctions au sein de la banque en avril 2009 pour être remplacé par Frédéric Oudéa, avait dit début juin qu'il ne viendrait témoigner que si le tribunal le lui demandait.

Jérôme Kerviel est jugé pour avoir causé une perte de 4,9 milliards d'euros début 2008.

Lors de l'annonce de la perte record de trading, Daniel Bouton l'avait qualifié de "terroriste".

Un témoignage a révélé mercredi que Kerviel était à l'origine d'un grave incident quasi-ignoré par sa hiérarchie, dès 2005.

"Que ce soit bête, débile, je vous le concède (...) mais j'étais dans une spirale... c'était un boulevard", s'est encore une fois justifié l'ancien trader de la Société Générale.

Jérôme Kerviel, trader "junior" (apprenti) en 2005, avait déjà spéculé après les attentats terroristes de Londres sur le titre de l'assureur Allianz, engageant 15 millions d'euros alors qu'il était limité à un million, a raconté un trader qui était chargé de le superviser.

"Il n'avait absolument pas le droit de faire ça. C'était très mal. Je lui ai dit que s'il recommençait, il serait viré", a assuré le témoin.

Kerviel a gagné 500.000 euros et a pu ensuite continuer, devenant trader titulaire et finissant début 2008 par accumuler 50 milliards d'euros de positions, qui ont finalement fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société générale.

Le président du tribunal a commenté ironiquement la gestion par la hiérarchie de la banque de cet incident crucial de 2005. "Aucune sanction ? 15 millions de positions et aucune sanction, c'est gentil".

Selon le témoin, ces pratiques irrégulières étaient limitées à cinq millions d'euros. La défense de Jérôme Kerviel soutient que ces limites étaient beaucoup plus floues.

Elle en veut pour preuve que la banque n'avait instauré aucune limite d'engagement en volume, si bien que Jérome Kerviel avait pu engager l'équivalent de près de deux fois les fonds propres de la banque, au risque de faire exploser l'ensemble du système.

En 2007, tout part en vrille

C'est en mars 2007 que les affaires ont commencé à se gâter pour Jérôme Kerviel. Ses prises de position ont grimpé de façon exponentielle pour atteindre près de 50 milliards lorsque la "fraude" a été découverte.

Avant ce dénouement, l'ex-trader avait connu un premier semestre 2007 difficile, avec une perte "latente" ayant dépassé les 2 milliards d'euros en milieu d'année, avant un retournement du marché qui lui avait permis d'engranger 1,4 milliard.

Mais pour les gains comme pour les pertes, il devait dissimuler, parce que les montants étaient trop énormes. Et mentir pour justifier ses prises de positions. "Ecart de méthodes", "erreur de saisie", fabrication de faux mails de supposées "contreparties"...

Alors que le président de la 11e chambre du tribunal correctionnel, Dominique Pauthe, lui demandait "Vous auriez pu vous arrêter (...) vous étiez sûr de vous?"..

"A l'époque, oui, à tort sûrement", a répondu Jérôme Kerviel en répétant que ses supérieurs hiérarchiques cautionnaient sa stratégie de "trading".

M.Kerviel a affirmé comme à d'autres reprises depuis le début du procès, qu'il avait agi pour "faire gagner un maximun d'argent à la banque".

Passe d'armes entre les avocats
L'audience avait débuté avec une passe d'armes entre avocats, la défense ayant souhaité obtenir une copie des disques durs d'ordinateurs des supérieurs hiérarchiques immédiats de Jérôme Kerviel .

"Je comprends que la défense de Jérôme Kerviel veuille démontrer la faiblesse des services de contrôle", a déclaré Me Jean Veil, avocat de la Société Générale. "Je veux toute la transparence", a répliqué Me Olivier Metzner, avocat de Jérôme Kerviel . Mais "dans ce dossier, la curiosité semble déranger la partie civile", a-t-il lancé.

En juillet 2008, la Commission bancaire avait infligé un blâme et une amende de 4 millions d'euros à la Société Générale pour des "carences graves du système de contrôle interne". Une demi-douzaine de supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel avaient par ailleurs été licenciés ou avaient présenté leur démission après cette affaire sans précédent.

Le procès de Jérôme Kerviel est prévu jusqu'au 25 juin. Poursuivi notamment pour faux et abus de confiance, il encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.

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