Le premier suicide chez Renault reste classé comme accident du travail
La Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) des Hauts-de-Seine a confirmé le classement comme accident du travail du premier des trois suicides de salariés du Technocentre Renault de Guyancourt (Yvelines), a-t-on appris vendredi auprès du constructeur automobile.
Renault avait déposé un recours en juin contre ce classement comme accident du travail, arguant du fait que la CPAM n'avait pas garanti que la responsabilité du constructeur ne serait pas engagée.
"Renault analyse cette nouvelle décision du 5 septembre de la CPAM et si nous estimons qu'elle n'est pas fondée, nous ferons un nouveau recours dans un délai de deux mois auprès du tribunal des affaires de Sécurité sociale", a indiqué une porte-parole de la direction, confirmant une information du quotidien Le Monde daté de samedi.
Le salarié concerné, Antonio B., ingénieur en informatique de 39 ans et père d'un garçon de 11 ans, s'était jeté du 5e étage du bâtiment principal du Technocentre le 20 octobre 2006.
Pour la CFDT Renault, "cette confirmation met Renault en contradiction: la direction ne peut pas en effet, à la fois nier sa responsabilité dans ces suicides, tout en reconnaissant la nécessité d'un plan de soutien aux ingénieurs", a estimé le syndicat dans un communiqué.
"Il y a urgence de prendre en considération toutes les conclusions des expertises engagées actuellement sur le site et ce en étroite collaboration avec les partenaires sociaux pour étudier toutes les réponses à apporter aux problèmes des ingénieurs", a conclu la CFDT.
Le cabinet d'expertise Technologia, missionné par le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du Technocentre, a mené des entretiens individuels et soumis un questionnaire aux salariés sur la vie au travail. Environ 6.000 ont répondu, de source syndicale. Le rapport du cabinet sera rendu mi-octobre.
Des mesures concernant la durée du travail doivent être présentées aux syndicats dès les 24 et 25 septembre lors de CHSCT dans les quatre centres d'ingéniérie de Renault en France, à Guyancourt, Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), Aubevoye (Eure) et Lardy (Essonne), rassemblant 14.000 salariés, a indiqué Renault.
Parmi ces mesures figurent une réduction de la durée d'ouverture des sites et des recommandations aux managers pour favoriser l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Elles s'inscrivent dans le "plan de soutien", lancé en mars après les trois suicides de salariés du Technocentre en quatre mois.
L'inspection du travail a identifié des faits de harcèlement moral concernant le troisième salarié. Le parquet de Versailles a demandé à l'inspection un nouvel avis sur son fondement juridique, afin de savoir si des poursuites peuvent être engagées contre Renault.
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